Amaigris, certains à bout de force, des réfugiés à peine entrés en Macédoine lancent des "merci" aux policiers et des "souhaitez-nous bonne chance" en montant dans un train qui les conduira plus près de leur rêve, l'Europe occidentale.
"Allemagne!", lance une voix au milieu de la foule signalant le pays de prédilection de la plupart des migrants du Moyen-Orient, dont nombreux fuient la guerre en Syrie.
En tête d'une colonne d'une cinquantaine de personnes, dodu et les cheveux ébouriffés, le cardiologue Zyad Al-Sahir, fait figure de leader.
"J'ai fui les bombardements et le régime. Je voyage depuis dix jours, tantôt à pied, tantôt en voiture. De Syrie, j'ai traversé la Jordanie, puis l'Irak, ensuite la Turquie, puis la Grèce", poursuit essoufflé cet homme d'une cinquantaine d'années parlant couramment le serbe pour avoir étudié la médecine à l'Université de Belgrade dans les années 1980.
"Yalla" ("Allons-y"), lance Zyad à son groupe, alors qu'un policier macédonien lui dit qu'ils peuvent monter dans un train spécialement affrété pour les acheminer à la frontière avec la Serbie.
La situation était calme mercredi à Gevgelija, à la frontière gréco-macédonienne, tranchant avec les tensions de lundi lorsque les policiers sont intervenus à coup de matraque pour maîtriser des migrants irascibles, trop impatients de pouvoir partir.
Dans la journée, 2.000 personnes ont franchi la frontière en Macédoine et 2.500 autres attendaient d'y passer, selon des sources policières macédonienne et grecque.
- "Là bas, pas de talibans" -
La situation risque néanmoins de changer dans les prochains jours en raison d'un flux massif de réfugiés attendu depuis la Grèce.
"Le gouvernement grec a confirmé qu'il va évacuer l'île de Lesbos, donc nous attendons 23.000 personnes dans les jours à venir", a indiqué à l'AFP sur place, Alexandra Krause, chargée de la communication auprès du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
A Gevgelija, des groupes d'une cinquantaine de personnes, franchissent, toutes les quinze minutes, la frontière.
Une poignée de policiers et de militaires macédoniens gèrent les passages alors que de temps en temps, des hélicoptères de l'armée survolent la frontière à basse altitude.
"C'est comme ça 24 heures sur 24. Ca ne tarit pas", explique un officier de l'armée macédonienne.
Une fois sur le sol macédonien, les migrants empruntent un sentier caillouteux et poussiéreux d'un demi-kilomètre longeant une voie ferrée. C'est là que l'UNHCR a dressé un centre d'accueil où ils reçoivent si nécessaire des soins, un peu de nourriture et de l'eau, mais surtout les précieux documents leur permettant de voyager légalement en Macédoine, avant de monter dans des trains, voire des autobus pour poursuivre leur chemin.
Sous le regard indifférent des policiers, un petit nombre d'habitants de Gevgelija, tente de tirer profit de la situation, en proposant à qui le veut, trois bananes pour un euro, du thé ou du café pour le même montant ainsi que des cigarettes.
Mais presque personne n'achète.
Souriant de ses dents jaunis, volubile, Nurahmat, qui s'exprime en anglais, explique être sur les routes depuis un mois.
"J'ai vendu ma voiture pour 5.000 dollars. Je suis passé par l'Iran, par la Turquie, la Grèce et me voici en Macédoine", récite d'un trait ce mécanicien de Kaboul, âgé de 33 ans.
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