Oussama, 28 ans, est "fatigué mais heureux". Heureux de voir la France après un voyage "long et dangereux" qui l'a mené de Bagdad à Champagne-sur-Seine, petite ville de 6.000 habitants à une heure de Paris.
"Je suis tellement fatigué que je ne trouve pas les mots", dit-il, sans pour autant se départir de son large sourire.
"Maintenant, je suis très content, très heureux. Le voyage a été difficile, très dangereux. On est passé par de nombreux pays", explique-t-il, au moment où il est pris en charge par la Croix-Rouge dans une résidence pour étudiants, transformée en urgence en centre d'accueil pour réfugiés.
Avec 52 autres personnes, essentiellement des hommes seuls, mais aussi quelques familles et des femmes seules avec enfants, il fait partie du premier contingent d'exilés venus d'Allemagne que la France s'est engagée à accueillir.
Parti il y a vingt jours de Bagdad, passé par la Grèce puis l'Allemagne, cet ingénieur civil n'avait pas choisi au départ de se retrouver dans cette commune pavillonnaire et proprette de Seine-et-Marne.
"D'abord, on voulait aller en Belgique ou en Finlande", dit-il. "Mais lorsque nous sommes arrivés en Allemagne, on nous a dit que la France pouvait nous accueillir, alors nous avons décidé de venir ici".
"La France est un beau pays, avec une bonne culture et des gens gentils."
Comment envisage-t-il cette "nouvelle vie ?" "En premier, je veux apprendre le français", dit-il dans un anglais solide. "Après, je veux poursuivre ma vie, faire mon métier et m'installer en France."
- 'Bienvenue en France' -
"Moi, je veux étudier et travailler en France", confie Hareth Sayed, un Syrien de 31 ans, qui a quitté son pays il y a un mois. "Mais là, je suis tellement fatigué, je veux juste me reposer";
Après un long trajet en bus depuis Munich, ces migrants, tous originaires d'Irak et de Syrie, ont été accueillis par de nombreux médias, français et internationaux.
A leur descente du car, une poignée de mains du président de la Croix-Rouge, Jean-Jacques Eledjam, assortie d'un "bienvenue en France". Un doudou pour les quelques enfants, puis un petit-déjeuner pris sous une tente mise en place le matin même dans la cour de la résidence étudiante.
Ils devaient ensuite recevoir un kit d'hygiène et être examinés par des médecins, avant de prendre possession de leurs nouveaux appartements, allant du studio au T3.
"Les logements ont été mis à disposition en 48 heures. Il y avait toute l'électricité à mettre en route", explique Françoise Bousquet, directrice de la filière "lutte contre les exclusions" à la Croix-Rouge, pendant que des volontaires s'affairent pour installer draps et couvertures.
A l'entrée de la résidence, Stéphane Delalande, un habitant d'une commune voisine, attend pour offrir un sac rempli de vêtements. Pantalons, jeans, survêtements, "j'ai amené tout ce que je ne mettais plus", dit-il.
"Cela fait des mois qu'on voit leur quotidien à la télévision. Quand on voit cela dans d'autres pays, on est ému mais on est impuissant. Là, ils sont à coté de chez moi, donc je suis venu", explique-t-il simplement.
Juste en face des logements, où ces réfugiés devraient rester entre deux et quatre mois, le temps de faciliter leurs démarches administratives, certains étudiants avouent se sentir "un peu pris de court".
"On a appris ça hier (mardi) en regardant la télé", raconte Djuro, 21 ans, étudiant en BTS.
"ça fait bizarre, ils auraient pu nous prévenir. Mais on va faire le maximum pour les accueillir, qu'ils se sentent bien", assure Florent, 18 ans. "Ca ne nous dérange pas, c'est une chance qui leur est donnée. S'ils ont besoin d'aide, il n'y a pas de souci".
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