La promesse de François Hollande de fermer Fessenheim d'ici à 2017 est-elle remise en cause par le retard de l'EPR de Flamanville? Des déclarations ambiguës de Ségolène Royal au sujet de la doyenne des centrales françaises ont suscité mardi une virulente polémique.
La centrale de Fessenheim, que le président a promis de fermer d'ici à la fin de son quinquennat début 2017, devra cesser son activité "quand Flamanville ouvrira", alors que la mise en service du réacteur nucléaire EPR (réacteur nucléaire de troisième génération) dans la Manche vient d'être reportée à fin 2018, a expliqué mardi Mme Royal en marge d'une visite à Strasbourg.
A des journalistes qui l'interrogeaient à la mi-journée sur les conséquences pour Fessenheim du report de l'ouverture de l'EPR de Flamanville, Ségolène Royal a expliqué que la loi avait prévu un plafonnement de la production d'énergie nucléaire.
"Ce qui veut dire que quand Flamanville ouvrira, Fessenheim devra fermer. Donc, Flamanville va ouvrir d'ici à 2018. Et donc en effet, Fessenheim devra fermer", a-t-elle admis.
En fin d'après-midi, une source gouvernementale interrogée par l'AFP a toutefois tenu à souligner que la fermeture de Fessenheim "d'ici à la fin" du quinquennat "reste l'objectif".
Ségolène Royal "n'a pas parlé de 2018 pour la fermeture de Fessenheim", a encore affirmé cette source.
Et peu auparavant, sur twitter, Mme Royal assurait pour sa part que "la fermeture de Fessenheim n'est pas reportée, elle doit être organisée dans le cadre de la nouvelle loi. Il n'y a aucun sujet de polémique".
Mais celle-ci était déjà lancée. Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, a vu dans les propos de Mme Royal "une remise en cause de l'engagement de François Hollande de fermer Fessenheim avant fin 2016".
Lier la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de l'EPR, "vu le caractère improbable de la date de 2018 pour l'ouverture de Flamanville, c'est clairement renoncer à la transition énergétique en France", a martelé le directeur de Greenpeace.
La ministre allemande de l'Environnement, Barbara Hendricks, s'est dite "très déçue" et a rappelé s'être adressée "à plusieurs reprises" à Mme Royal "pour plaider pour un arrêt le plus rapide possible de cette vieille centrale", mise en service en 1977 au bord du Rhin, à quelques centaines de mètres de la frontière allemande.
- 'Politique de l'autruche' -
A Paris, de nombreux responsables politiques de gauche et des Verts ont renvoyé François Hollande à sa promesse.
La secrétaire nationale d'EELV, Emmanuelle Cosse, s'est ainsi "étonnée d'une annonce qui paraît aussi ferme qu'hasardeuse".
"Désolé mais dire qu'on attend l'ouverture du désastreux EPR pour fermer Fessenheim, c'est prendre les écolos pour des cons", a ajouté dans un tweet Jean-Luc Bennahmias, interlocuteur régulier du président de la République et dont le petit parti Front démocrate est proche du PS.
"Sur le nucléaire comme sur le reste, les promesses de François Hollande et du PS n'engagent que les naïfs", a commenté le leader du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon, qui avait appelé à voter François Hollande au second tour de l'élection présidentielle en 2012.
Pour André Hatz, porte-parole de l'association Stop Fessenheim, la ministre joue "la politique de l'autruche: ce qu'elle attend, c'est de refiler le bébé à ceux qui vont lui succéder".
"Qu'on ne cherche pas de fausses excuses, il est possible de fermer Fessenheim dès maintenant, un décret suffit", a estimé Jean-Marie Brom, du réseau Sortir du nucléaire.
De fait, la loi sur la transition énergétique ne cite ni l'EPR, ni Fessenheim: elle fixe simplement un niveau de production maximal d'énergie nucléaire qui imposerait à EDF de fermer un réacteur pour pouvoir ouvrir l'EPR.
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