La France s'apprête à accueillir mercredi 200 premiers réfugiés ramenés d'Allemagne, alors que les autorités ont fermement condamné deux maires qui ne veulent accueillir que des "chrétiens".
Face à l'afflux massif d'exilés en Europe, notamment chez le voisin allemand, François Hollande a annoncé lundi que la France était prête à accueillir 24.000 réfugiés au cours des deux prochaines années.
Le Premier ministre Manuel Valls doit présider mercredi à 14H00 à Matignon une réunion interministérielle sur la question de l'hébergement.
Un premier contingent de réfugiés syriens ou irakiens, que le gouvernement s'est engagé à faire ramener d'Allemagne pour soulager ce pays, doit partir pour la France mardi soir, a indiqué à l'AFP l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
"Les 9, 10 et 11 septembre, 1.000 personnes venues d'Allemagne et ayant obtenu le statut de réfugiés en France arriveront sur notre territoire", a indiqué la Croix-Rouge française dans un communiqué. 200 réfugiés sont attendus mercredi en France, dont 93 seront pris en charge par la Croix-Rouge à Champagne-sur-Seine (Seine-et-Marne), a-t-elle détaillé.
Alors que des élus ont proposé d'héberger des réfugiés dans leurs communes, deux maires de droite ont suscité la polémique en disant souhaiter n'accueillir que des chrétiens.
"On ne trie pas en fonction de la religion", "le droit d'asile, c'est un droit universel", a répondu mardi soir Manuel Valls lors de ses v?ux à quelques jours du Nouvel an juif, à la synagogue Nazareth à Paris.
Avant lui, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait condamné une distinction "funeste" entre réfugiés selon l'appartenance religieuse.
Le député-maire de Roanne Yves Nicolin (Les Républicains) avait expliqué que sa ville pourrait "accueillir peut-être une dizaine de familles, mais à la condition qu'il soit bien question de réfugiés chrétiens qui sont persécutés parce que chrétiens en Syrie par Daech" (acronyme arabe du groupe jihadiste État islamique, l'EI).
"Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse avoir l'absolue certitude que ce ne sont pas des terroristes déguisés", a-t-il dit.
Celui de Belfort, Damien Meslot (Les Républicains), a affirmé qu'il réfléchissait à accueillir des "familles de chrétiens syriens et de chrétiens d'Irak", parce qu'ils sont "les plus persécutés".
- "De l'émotion à l'action" -
Ces prises de position, très minoritaires, semblent également hasardeuses d'un point de vue juridique, la Convention de Genève de 1951 stipulant notamment que les Etats signataires en appliqueront les dispositions "sans discrimination quant à la race, la religion ou le pays d'origine" des réfugiés.
A la Conférence des évêques de France (CEF), on marque son rejet de telles propositions: "Évidemment nous n'effectuons aucun tri, ça n'a pas lieu d'être et c'est contraire à l'esprit des religions", a dit à l'AFP Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la Conférence.
Les responsables des cultes, reçus mardi par le ministre de l'Intérieur, ont lancé un "appel à l'engagement de chacun". "Il faut passer de l'émotion à l'action", a insisté le président de la CEF, Mgr Pontier.
Bernard Cazeneuve a aussi reçu mardi le président de l'Association des maires de France pour baliser le terrain avant une réunion samedi des maires qui se sont portés volontaires pour l'accueil de réfugiés.
Il s'agira pour l'État "de mettre à disposition des collectivités l'ensemble des outils et des financements nécessaires", pour organiser "dans des conditions dignes l'accueil des réfugiés persécutés", a indiqué M. Cazeneuve.
De son côté, le président de l'Association des maires de France, François Baroin (Les Républicains), qui n'a pas évoqué la question religieuse, a souligné que des collectivités locales étaient volontaires pour accueillir des migrants, mais "uniquement et exclusivement les réfugiés et naufragés".
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