Un pharmacien de Toulon qui travaillait avec le Rugby club Toulonnais fait l'objet d'une enquête de la justice après un signalement de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), mais cette affaire semble s'orienter vers une escroquerie plus que vers un dossier de dopage.
Une information judiciaire a été ouverte à Marseille après une notification de l'AFLD, a annoncé mardi à l'AFP le procureur de la République de Marseille Brice Robin.
"Il s'agit du non-respect de la réglementation du Code de la santé publique en matière de délivrance de médicaments", a expliqué M. Robin, selon lequel "on est assez éloigné du dopage".
Il s'agit d'"une affaire d'escroquerie (à la Sécu), pas d'une affaire de dopage", a insisté le président du RCT Mourad Boudjellal, lors d'une conférence de presse au siège du club.
Dans l'après-midi, l'AFLD a confirmé à l'AFP que la procédure n'était pas liée, pour l'heure, à d'éventuelles pratiques dopantes.
"A la suite d'un échange d'informations entre différentes administrations de l'Etat, dont l'AFLD, une procédure pour le moment exclusivement judiciaire a été lancée. Actuellement, elle ne débouche pas sur un aspect administratif relevant de l'agence", a déclaré Bruno Genevois, président de l'AFLD.
Cette ouverture d'enquête, à dix jours du coup d'envoi de la Coupe du monde de rugby, est en fait liée à l'"article 40" du code de procédure pénale. Il oblige tout organisme ou autorité publique, comme l'AFLD, à transmettre au procureur les informations qu'il possède s'il prend connaissance d'un crime ou d'un délit quel qu'il soit. Et cela même s'il ne relève pas de ses attributions et de son champ de compétences.
- Ordonnances vierges -
La radio RTL, qui avait révélé en début de matinée l'ouverture de l'information judiciaire, a affirmé que l'AFLD "soupçonn(ait) des pharmaciens de Toulon d'approvisionner illégalement des joueurs du RC Toulon en produits", citant dans un premier temps des "antibiotiques, antalgiques, mais aussi stéroïdes anabolisants". RTL a depuis rectifié sa liste de produits, évoquant des "antirétroviraux, des inhalateurs contre l'asthme, des antibiotiques" et "des hormones de croissance".
"Le club n'a rien reçu de l'AFLD. Le pharmacien en cause ne travaille plus avec le club depuis un an", a répliqué M. Boudjellal, selon qui le RCT avait stoppé toute collaboration avec ce pharmacien après avoir été informé de soupçons d'escroquerie à l'assurance maladie.
Selon M. Boudjellal, le pharmacien disposait d'ordonnances vierges du médecin du club en cas d'urgence -une pratique courante, explique-t-il- et serait soupçonné d'avoir établi des fausses prescriptions au détriment de la Sécurité sociale.
"Cette escroquerie s'est faite avec une trentaine de médecins. () Ça m'embête pour l'image du club. On salit, ça reste toujours", a poursuivi M. Boudjellal.
- "Aucun joueur inquiété" -
"Je m'étonne: si on achète des produits dopants, on ne le fait pas avec sa carte vitale", a lancé le président de Toulon. "Aucun joueur du RCT n'a été inquiété, ni aucun membre du club interrogé", a-t-il précisé, soulignant que les joueurs étaient "extrêmement contrôlés" par l'AFLD, mais aussi "en interne" par le club.
"Toulon a été contrôlé moult fois", a abondé auprès de l'AFP Christian Bagate, chargé de la lutte antidopage à la Fédération française de rugby. "On est plus dans une affaire d'escroquerie, peut-être de trafic, l'enquête le dira, mais certainement pas de dopage", a-t-il poursuivi, en assurant que la FFR avait été mise au courant de l'affaire "dès le mois de mai".
Le RC Toulonnais, entraîné par l'ancien sélectionneur du XV de France Bernard Laporte, candidat déclaré à la présidence de la Fédération française de rugby, est triple champion d'Europe en titre.
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