La sculpture monumentale "Dirty Corner" de l'artiste Anish Kapoor installée dans les jardins du château de Versailles, a été à nouveau vandalisée dimanche, avec de grandes inscriptions à la peinture dont certaines à caractère antisémite ou royaliste, suscitant de vives réactions politiques.
Cette trompe d'acier à la connotation sexuelle évidente, parfois affublée du surnom de "vagin de la reine", avait déjà été vandalisée en juin.
Elle a été cette fois-ci recouverte de nombreuses inscriptions à la peinture blanche, a indiqué à l'AFP le château de Versailles: "La reine sacrifiée, deux fois outragée", "SS Sacrifice Sanglant", "le deuxième VIOL de la Nation par l'activisme JUIF DEVIANT". Mais aussi "Le Christ est roi à Versailles".
Le président François Hollande "dénonce fermement" la dégradation de l'oeuvre qui a été "couverte d'inscriptions haineuses et antisémites", a indiqué l'Elysée dans un communiqué.
Le Premier ministre Manuel Valls a réagi via Twitter: "Ecoeurement devant cette alliance de l'infâme et de la réaction. Les dégradations antisémites sur l'oeuvre de Kapoor seront punies sévèrement", a-t-il écrit.
La ministre de la Culture Fleur Pellerin s'est rendue sur place pour constater les dégâts.
"Dégrader une première fois l'oeuvre d'Anish Kapoor était intolérable: c'était une atteinte à la liberté de création, que j'avais fermement condamnée (), a souligné la ministre dans une déclaration écrite. "Les inscriptions antisémites qui accompagnent cette deuxième dégradation la rendent d'autant plus insupportable, et plus ignominieuse encore".
"Mais plus largement, elles en disent long sur les motivations de leurs auteurs. Ce n'est ni plus ni moins qu'un acte qui laisse transparaître une vision fasciste de la culture", a-t-elle ajouté.
"Cet acte d'une violence intolérable contre l'oeuvre d'Anish Kapoor me choque et m'attriste", a déclaré à l'AFP Catherine Pégard, présidente du Domaine et du Château de Versailles.
Elle se dit "scandalisée qu'on s'en prenne avec les plus abominables références à l'oeuvre d'un grand artiste international et, au delà, au Château de Versailles et à la culture".
La sûreté urbaine de Versailles a été chargée de l'enquête.
"C'est tagué de partout." "Le message subliminal, c'est que la France a perdu son lustre d'antan par rapport à d'autres nations. Un message à tendance royaliste", a estimé une source proche de l'enquête.
- "Tendance ultraconservatrice" -
Installé dans l'axe principal du parc, "Dirty Corner" ("coin sale"), est un tunnel d'acier rouillé de 60 m de long qui s'ouvre en direction du château par une sorte de trompe, qualifiée de "très sexuelle" par Anish Kapoor. Elle est entourée d'excavations et d'énormes blocs de pierre, certains peints en rouge sang.
L'oeuvre a parfois été baptisée par les médias "le vagin de la reine", une formule qu'Anish Kapoor, artiste britannique d'origine indienne, affirme n'avoir jamais employée.
Le 17 juin, peu après l'ouverture de l'exposition d'oeuvres de Kapoor dans les jardins du château, "Dirty Corner" avait été vandalisée, avec des jets superficiels de peinture jaune. Ils ont été enlevés depuis.
Cette fois-ci, les inscriptions sont très étendues, sur toute la trompe et les rochers.
Le château de Versailles est un endroit auquel on peut accéder "assez facilement, y compris la nuit, et où on peut aussi se faire enfermer", relève la source proche de l'enquête. Les caméras de vidéosurveillance vont être exploitées.
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