Plus de 7,5 millions de Guatémaltèques ont commencé à voter dimanche pour désigner leur nouveau président dans un climat d'exaspération inédit face à la corruption, après une semaine historique qui a vu leur dirigeant démissionner puis être placé en garde à vue.
Le président du Tribunal suprême électoral (TSE), Rudy Pineda, a déclaré ouverts les 2.700 bureaux de vote du pays à 07H00 locales (13H00 GMT), à l'issue d'une courte cérémonie en présence d'observateurs internationaux.
Ils fermeront à 18H00 (00H00 GMT), et les premiers résultats ne sont pas attendus avant 21H00 (03H00 GMT lundi).
Après avoir déposé son bulletin dans l'urne, chaque électeur devra tremper son index dans de l'encre indélébile, ce qui l'empêchera de voter plusieurs fois, dans ce pays où l'achat de voix est monnaie courante.
Des images de télévision ont montré dimanche matin des électeurs ayant déjà formé des files d'attente dès l'aube.
Sur les 14 candidats à la présidentielle - dont le second tour aura lieu le 25 octobre -, trois se détachent : l'humoriste Jimmy Morales, candidat de droite sans expérience politique, crédité de 25% des suffrages dans un sondage publié jeudi, Manuel Baldizon (droite, 22,9%) et la social-démocrate Sandra Torres, ex-Première dame (18,4%).
Les Guatémaltèques doivent aussi choisir 158 députés et 338 maires.
Le scrutin survient au terme d'une semaine rocambolesque qui a vu le président conservateur Otto Pérez, accusé de diriger un réseau de corruption au sein des douanes, perdre son immunité, démissionner puis être placé en garde à vue jusqu'à mardi.
Il ne s'agit que des derniers épisodes d'un feuilleton qui dure depuis avril, avec d'un côté, le travail d'enquête mené conjointement par le parquet et la Commission de l'ONU contre l'impunité (Cicig), mettant au jour plusieurs scandales de corruption, et de l'autre, un mouvement populaire sans précédent.
Avec des manifestations pacifiques organisées chaque samedi pour dénoncer la corruption, "le Guatemala donne un exemple mondial de mobilisation citoyenne", salue José Edgardo Cal Montoya, historien à l'université San Carlos.
"Les Guatémaltèques se sont rendu compte qu'en se mobilisant, ils pouvaient obtenir des changements" et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin, dit-il.
- 'Résistance citoyenne' -
Satisfaits du départ d'Otto Pérez, les manifestants exigent désormais une refonte du système politique pour le purger de la corruption, source de 50% du financement des partis selon l'Institut centraméricain d'études fiscales (Icefi).
Mais ces derniers mois, tous les recours pour repousser le scrutin, déposés par des partis minoritaires et des collectifs citoyens, ont été rejetés par le tribunal électoral.
Et les demandes de réformes, pour empêcher la réélection des maires et députés, changer la gestion des partis et permettre le vote à l'étranger (1,5 million de Guatémaltèques vivent notamment aux Etats-Unis, pour une population de 15,8 millions), n'ont pas été entendues.
Samedi, une "marche funèbre" a réuni dans la capitale plusieurs centaines d'habitants, portant un cercueil et des habits de deuil face à un scrutin "mort-né". Dimanche matin une nouvelle manifestation est convoquée.
"Nous voulions qu'ils repoussent les élections pour obtenir quelques changements dans la loi électorale, mais le Parlement a refusé", regrettait samedi Ivonne Alvarez, militante des droits de l'homme de 63 ans, brandissant une pancarte "Je me déclare en résistance citoyenne" et assurant qu'elle ne voterait pas.
"Les citoyens disent qu'ils ne veulent pas d'élections dans ces conditions-là, car cela va être la même chose", observe Marie-Dominik Langlois, chercheuse à l'université du Québec à Montréal, qui vient de passer un an au Guatemala.
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