Le parti islamiste du Premier ministre Abdelilah Benkirane a tiré son épingle du jeu vendredi lors des élections locales au Maroc et se place en position de force à un an des prochaines législatives.
Selon des résultats partiels communiqués dans la nuit de vendredi à samedi par le ministre de l'Intérieur, le parti Justice et développement (PJD) a pris la deuxième place avec 17,1% des voix derrière son rival du parti Authenticité et modernité (PAM/libéral, opposition), crédité de 20,7%.
Dans l'attente des résultats définitifs, prévus samedi matin, la formation islamiste a fait plus que tripler son score des précédentes élections communales et régionales (5,4%), en 2009, alors que le PAM a stagné (21%).
"Ces résultats confirment la confiance du peuple marocain dans le travail gouvernemental", a déclaré à l'AFP Abdelali Hamieddine, un haut dirigeant du PJD. "Notre but était d'obtenir un résultat politiquement significatif et c'est ce que nous avons fait".
Le scrutin de vendredi a servi à désigner environ 32.000 élus locaux, dont 678 conseillers régionaux pour la première fois élus au suffrage universel direct.
Selon le ministère de l'Intérieur, 52,3% des Marocains inscrits se sont rendus aux urnes, soit un chiffre quasi identique à celui de 2009.
Les médias marocains s'attendaient pourtant à une forte mobilisation des jeunes, notamment grâce à la simplification de la procédure d'inscription.
Aux législatives de fin 2011, le PJD avait enregistré une victoire historique, dans la foulée du mouvement de contestation né dans le contexte du Printemps arabe qui avait amené le roi Mohammed VI à faire adopter une nouvelle Constitution.
Un peu moins de quatre ans plus tard et un peu plus d'un an avant de remettre son mandat en jeu, Abdelilah Benkirane jouait vendredi son premier "grand match électoral" comme chef du gouvernement, selon le journal L'Economiste.
Il semble qu'il l'a presque gagné, lui qui avait jugé durant la campagne qu'une victoire de sa formation serait "logique".
- 'Graves irrégularités' -
Selon des médias locaux, le PJD aurait en effet fait reculer le PAM - parti fondé en 2008 par un proche conseiller du roi - dans son fief de Marrakech.
Il aurait aussi chipé son bastion de Fès au parti Istiqlal (PI/conservateur, opposition), en obtenant même la majorité absolue, ce qui a poussé le leader du PI Hamid Chabat à qualifier cet échec de "catastrophe démocratique", même si son parti talonne le PJD au plan national (16%).
La formation islamiste est également en tête à Casablanca, la plus grande ville du pays, et à Rabat, selon des résultats partiels.
Dans un bureau de vote de la capitale du royaume, Habiba Ramzi, une octogénaire qui affirmait "voter depuis que le Maroc est indépendant", espérait que les prochains élus allaient "enfin penser aux pauvres". "Je leur dis: +Assez de corruption et de mensonges et plus d'éducation+".
En soirée, des leaders politiques, notamment dans l'opposition, ont pointé certains "dysfonctionnements" durant le vote. Le PAM a affirmé dans un communiqué avoir déposé plusieurs plaintes pour un "nombre important de graves irrégularités", alors que l'Istiqlal a appelé les autorités à ouvrir une enquête sur de "nombreuses violations", selon l'agence officielle MAP.
D'après le site de l'hebdomadaire Tel Quel, le PAM a notamment porté plainte contre trois ministres candidats du PJD.
Environ 4.000 observateurs, dont 125 internationaux selon le ministère de l'Intérieur, avaient été déployés pour vérifier le déroulement de ces élections, présentées comme une étape majeure du processus de "régionalisation avancée", contenue dans la nouvelle Constitution.
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