Les Guatémaltèques sont appelés samedi à réaliser une "marche funèbre" pour dénoncer la tenue des élections générales dimanche, un scrutin rejeté par une partie de la population excédée par la corruption, avec un ex-président en garde à vue.
"Nous allons manifester notre refus face à des élections imposées, immorales, illégales et illégitimes, nous nous fondons sur le droit à la désobéissance citoyenne et à la résistance civile", déclare à l'AFP Isabel Juarez, 45 ans, membre du collectif "Un autre Guatemala, maintenant", un des organisateurs.
A partir de 15h00 (21h00 GMT), un "enterrement électoral" sera organisé, les participants étant appelés à se vêtir de noir, voire à porter de faux cercueils, pour parcourir les rues de la capitale, Ciudad de Guatemala, actuellement en pleine saison des pluies.
"Nous sommes en deuil car nous considérons que les élections sont un processus mort, sans réformes et avec beaucoup de gens impliqués dans des actes de corruption", explique Isabel Juarez.
Alors que le pays centraméricain vit un moment de mobilisation populaire sans précédent, avec des protestations pacifiques organisées chaque samedi depuis avril, il est probable que d'autres manifestations spontanées se joignent à cette marche funèbre.
Le mot d'ordre : "Cela ne fait que commencer".
Cette marche survient au terme d'une semaine rocambolesque : mardi, le président conservateur Otto Pérez, accusé de diriger un vaste réseau de corruption au sein des douanes, a été privé de son immunité par le Parlement, pour la première fois dans l'histoire du Guatemala.
Mercredi, il a remis sa démission - son vice-président, Alejandro Maldonado, a pris la suite -, réclamée depuis des mois par les manifestants.
Jeudi soir, l'ex-général de 64 ans a passé sa première nuit en prison, placé en garde à vue où il restera jusqu'à mardi, quand reprendra son audition.
Si ces différentes étapes ont été accueillies par une véritable joie populaire, de plus en plus de voix critiquent le maintien des élections, exigeant une refonte du système politique pour le purger de la corruption endémique.
- 'Plus de légitimité' -
Dimanche, 7,5 des 15,8 millions d'habitants sont appelés à désigner un nouveau président, 158 députés et 338 maires.
"Les élections ont perdu tout leur crédit, elles n'ont plus de légitimité", affirmait mardi à l'AFP la militante indigène Rigoberta Menchu, 56 ans, prix Nobel de la Paix 1992, appelant toutefois à voter car "il n'y a pas d'alternative".
Sur les 14 candidats à la présidentielle, trois se détachent du lot : l'humoriste Jimmy Morales, candidat de droite sans expérience politique, crédité de 25% des suffrages dans un sondage publié jeudi, suivi de Manuel Baldizon (droite, 22,9%) et de la social-démocrate Sandra Torres, ex-Première dame (18,4%).
"Je suis le seul candidat qui aujourd'hui n'est pas signalé pour ses liens avec des actes de corruption", clame Jimmy Morales, 46 ans, dans un entretien à l'AFP.
"La corruption a atteint ce niveau en raison de l'indifférence" de la population, dit-il, promettant d'y remédier par une politique de "portes ouvertes comme garantie de la transparence de ce que nous voulons faire".
Ce candidat, qui se veut anti-establishment, a fait une percée surprise dans les sondages ces dernières semaines.
Mais s'il est élu à l'issue du second tour programmé le 25 octobre, il aura fort à faire.
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