Après l'électrochoc provoqué par les photos du petit Aylan, les initiatives se multiplient pour faciliter l'accueil des réfugiés, mais la question se pose déjà d'organiser dans la durée cette solidarité qui ne fait pas l'unanimité.
Appel d'élus socialistes à un réseau de "villes solidaires", pétition, mobilisation citoyenne Les photographies montrant Aylan, un enfant syrien de trois ans trouvé noyé sur une plage turque, semblent avoir déclenché une prise de conscience.
"Nous avons reçu 1.100 propositions en quelques jours", dit Nathanaël Molle, à l'origine du projet "Calm", qui veut mettre en relation réfugiés et familles pouvant les héberger.
Même constat à l'ONG Jésuites Réfugiés Services, qui a reçu entre 40 et 60 propositions d'hébergement depuis le début de la semaine, soit "autant qu'en un an". "Les gens nous disent: +je suis écoeuré, je veux pas qu'on puisse dire que les Français ne sont pas accueillants+", raconte le directeur Paul de Montgolfier.
France Terre d'Asile déclare avoir vu le nombre de propositions d'aide monter en flèche ces derniers jours.
Le diocèse de Paris réfléchit à "organiser début octobre une réunion" pour "inviter tous les paroissiens, proposer à ceux qui veulent donner un coup de main de le faire", selon Brigitte Staub, chargée de mission migrants. La Conférence des évêques de France (CEF) a invité "tous les catholiques et hommes de bonne volonté à apporter leur soutien et à ouvrir leur c?ur vers leurs frères" migrants.
Sur Facebook, un collectif d'associations appelle à manifester samedi après-midi à Paris sous le mot d'ordre "Pas en notre nom".
Souvent, les appels à la solidarité prennent le terme de "réfugiés" dans son acception large, c'est-à-dire concernant tous les hommes et femmes tentant de gagner l'Europe.
Au niveau politique, plusieurs élus socialistes sont aussi montés au créneau.
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lancé jeudi un appel à la "constitution d'un réseau de villes solidaires" qui s'engageraient à accueillir des réfugiés, tandis que le secrétaire du PS et député de Haute-Garonne Christophe Borgel signait avec une dizaine de maires de son département un appel en faveur des réfugiés intitulé "Nous sommes prêts à accueillir".
- 'Transformer la mobilisation en action' -
A Strasbourg où le maire Roland Ries a appelé à une "mobilisation citoyenne", dans le Lot où six conseillers départementaux souhaitent faire de leur département une "Terre d'accueil d'urgence", les élus socialistes ont été nombreux à relayer cette idée.
Après ? "On essaie de transformer la mobilisation en action, pas forcément héroïque, mais sur la durée", répond M. de Montgolfier.
"Il faut une parole publique forte", sans quoi l'élan "retombera aussi vite qu'un soufflé", prévient Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile. L'"union nationale autour de l'accueil des réfugiés" passe, selon lui, par des décisions "y compris sur le plan budgétaire", et "qui se déclinent sur tout le territoire".
La sénatrice UDI de l'Orne Nathalie Goulet a ainsi lancé une pétition appelant François Hollande et François Baroin, le président de l'Association des maires de France, à coordonner l'accueil de réfugiés dans des communes. Vendredi, le texte avait reçu plus de 40.000 signatures.
Mais ce type d'initiative fait grincer des dents à droite. François Baroin (Les Républicains) a estimé que la France n'était pas en position d'accueillir "durablement" des réfugiés, et que pour sa part il n'en accueillerait pas davantage à Troyes, dont il est maire.
A Rosans (Hautes-Alpes), la maire a demandé à la préfecture de pouvoir loger deux familles de réfugiés syriens dans des HLM. Face à cette initiative, un collectif "Respectez les Rosanais" a été créé pour demander la tenue d'un référendum auprès des habitants.
"On ne demande pas l'avis aux habitants. J'ai reçu plusieurs appels d'habitants écoeurés qu'on ne leur demande pas leur avis, en tant que contribuables", a déclaré à l'AFP Julien Leonardelli, secrétaire départemental du FN en Haute-Garonne.
Selon un sondage réalisé mardi et mercredi, 56% des Français sont opposés à l'accueil de migrants et réfugiés qui tentent actuellement de gagner l'Europe.
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