La justice guatémaltèque a émis mercredi un mandat d'arrêt à l'encontre du président Otto Pérez, accusé de corruption et qui risque désormais d'être destitué, à quelques jours seulement des élections générales dans le pays.
"Le mandat d'arrêt à l'encontre du président a été autorisé" par le juge Miguel Angel Galvez, en charge du dossier, a annoncé aux journalistes Julia Barrera, porte-parole du parquet.
S'étant engagé à collaborer avec la justice, le mandataire peut toutefois se présenter librement devant le juge, sans y être amené par la force.
"Il va se présenter demain" jeudi, a indiqué son avocat, Me César Calderon, contacté par l'AFP. Selon les médias locaux, il le fera à 08H00 (14H00 GMT).
Selon Julia Barrera, à son arrivée devant le juge débutera "une audience de première déclaration" au cours de laquelle le parquet demandera son placement en détention provisoire.
Si cette demande est approuvée par le juge, Otto Pérez sera automatiquement destitué et remplacé par son vice-président, Alejandro Maldonado.
Le président conservateur, un général en retraite de 64 ans au pouvoir depuis 2012, avait été privé mardi de son immunité par un vote à l'unanimité du Parlement, une mesure inédite dans l'histoire du Guatemala et célébrée par une foule d'habitants.
Dès mardi soir, la justice lui avait interdit de sortir du territoire et mercredi, la Cour constitutionnelle a rejeté ses recours pour suspendre la procédure.
Dans ce dossier, son ancienne vice-présidente Roxana Baldetti, démissionnaire en mai et également poursuivie, est déjà en détention provisoire.
Otto Pérez est accusé par le parquet et une commission de l'ONU contre l'impunité (Cicig) d'avoir dirigé un système de corruption au sein des douanes, via lequel des fonctionnaires touchaient des pots-de-vin pour exonérer de taxes certaines importations.
- 'Un citoyen ordinaire' -
Alors que la justice dispose d'écoutes téléphoniques où l'on entend le président converser avec des membres du réseau frauduleux, la procureure générale Thelma Aldana s'est dite convaincue mercredi que le président serait condamné.
"Il y a une procédure pénale" contre le chef de l'Etat, a-t-elle expliqué à l'AFP.
"Nous irons au procès, ensuite il y aura un verdict qui, selon mon appréciation et ce que je connais du dossier, devra être une condamnation", a-t-elle indiqué.
Malgré les nombreux appels à sa démission, Otto Pérez a répété sans relâche, ces dernières semaines, qu'il ne quitterait pas son poste avant la fin de son mandat, le 14 janvier 2016.
La procédure à son encontre survient à un moment de mobilisation populaire sans précédent dans ce pays pauvre d'Amérique centrale et à quelques jours seulement des élections prévues dimanche, auxquelles M. Pérez ne se représente pas, la Constitution n'autorisant qu'un seul mandat.
Mercredi, plusieurs habitants interrogés par l'AFP ne cachaient pas leur joie à l'annonce du mandat d'arrêt émis : "Je crois que c'est juste, et pourvu que la justice soit vraiment mise en pratique cette fois", confiait Eduard Yuman, cuisinier.
"C'est bien car c'est un citoyen ordinaire, comme les autres", disait aussi Patricia, expert-comptable.
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