Plus de 1.500 tracteurs s'apprêtent à entrer dans Paris jeudi, au prix d'embouteillages monstre en Ile-de-France, pour exprimer la colère d'un monde paysan qui se sent étranglé par la chute des prix et l'empilement des normes.
Un convoi d'une centaine de tracteurs bretons et normands ont quitté Douains dans l'Eure vers 05 h 15 en empruntant l'A13 en direction de¨Paris, a constaté jeudi un journaliste de l'AFP.
Ce convoi des agriculteurs qui se trouvaient au coeur des manifestations cet été, va entrer dans Paris par la porte d'Auteuil pour rejoindre d'autres convois, venant de plusieurs régions de France sur le boulevard périphèrique puis ils se rassembleront place de la Nation.
La préfecture de police de Paris a invité les Franciliens à utiliser les transports en commun pour se rendre dans la capitale, qui risque d'être bloquée par les files de tracteurs qui vont remonter les autoroutes puis le périphérique, avant de se rassembler place de la Nation.
Dès 06H30, les différents cortèges vont converger vers la porte de Vincennes, dans le sud-Est parisien, par les autoroutes A1, A4, A6, A10 et A13.
L'objectif des agriculteurs n'est pas de bloquer les routes, mais vue la vitesse réduite des tracteurs (35 km/h environ), ce déplacement prendra forcément des allures d'opération escargot.
La circulation sera donc fortement ralentie sur les autoroutes en direction de la capitale jusqu'en début d'après-midi, prévoit la préfecture.
Les agriculteurs devraient réemprunter les mêmes itinéraires en fin de manifestation, encombrant les autoroutes dans le sens Paris-province l'après-midi. Mais leur départ immédiat n'est pas garanti: certains agriculteurs n'excluent pas de camper sur place s'ils ne sont pas satisfaits des réponses apportées par le gouvernement à leurs revendications.
Il ne s'agira pas d'un "défilé folklorique ni d'une parade de tracteurs (). Les agriculteurs sont déterminés", insiste Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, 1er syndicat agricole du pays.
Après la série de crises qui ont frappé tour à tour les productions laitière, bovine et porcine, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) ont appelé les paysans à crier leur désarroi dans les rues de la capitale "pour éviter que l'agriculture française ne parte en liquidation".
Selon le dernier pointage mercredi, "1.512 tracteurs" ont été enregistrés dans les convois partis de l'Ouest, du Massif Central, du Val-de-Loire, de Bourgogne et de Rhône-Alpes.
Quelque 4.000 à 5.000 agriculteurs devraient rejoindre la capitale en autocars et en train.
Ensuite les tracteurs resteront stationnés place de la Nation. Une délégation se rendra à l'Assemblée nationale, escortée d'une dizaine de tracteurs. Puis les principaux dirigeants syndicaux seront reçus par le Premier ministre Manuel Valls.
Après plus de 500 actions syndicales cet été, FNSEA et JA attendent un "engagement de la part des pouvoirs publics" en faveur des exploitants aux trésoreries exsangues.
- 'année blanche' -
En premier lieu, ils réclament un "année blanche pour les traites bancaires afin de redonner du souffle aux exploitations et de leur permettre de payer leurs fournisseurs", selon Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.
Le chef de l'Etat "nous a fait comprendre que cela allait être accepté", affirmait mercredi Bernard Lannes, président du syndicat minoritaire Coordination rurale, après une rencontre avec François Hollande. Ce syndicat, marqué à droite, se désolidarise toutefois de la mobilisation de la FNSEA, y voyant une "prise en otage" des Parisiens.
Par ailleurs, les agriculteurs attendent une réponse à leur demande de moratoire sur les normes, environnementales notamment, dont ils dénoncent l'empilement bureaucratique. Ils estiment que la France "va au-delà des contraintes européennes" dans sa transposition des textes communautaires.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a assuré que "le gouvernement travaille pour apporter des réponses", ajoutant que le conseil européen de l'agriculture lundi prochain permettra de les compléter.
Le contexte mondial est globalement défavorable aux producteurs français, entre l'embargo russe sur les produits agroalimentaires, la fin des quotas laitiers en Europe et le ralentissement économique de la Chine qui réduit ses achats agricoles.
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