L'Europe, où les tensions montaient face à l'afflux de dizaines de milliers de réfugiés et de migrants, était sous le choc après la publication des photos du corps sur une plage turque d'un petit garçon mort noyé dans le naufrage de deux embarcations transportant des Syriens.
Ces bateaux étaient partis dans la nuit de mardi à mercredi de la ville côtière turque de Bodrum à destination de l'île grecque de Kos, l'un des plus courts passages maritimes entre la Turquie et l'Europe, lorsqu'ils ont chaviré, ont expliqué les garde-côtes turcs.
Rapidement prévenus par les cris des naufragés, les sauveteurs ont repêché douze corps sans vie parmi lesquels celui d'un garçon âgé de quelques années, dont les photos ont envahi les réseaux sociaux sous le mot-dièse #KiyiyaVuranInsanlik ("l'humanité échouée" en turc).
L'une d'entre elles montre le cadavre de l'enfant, tee-shirt rouge et short bleu, face contre terre, sur une des plages de la station balnéaire de Bodrum.
De nombreux internautes ont confié leur émotion sur Twitter : "Où va ce monde ?", a commenté l'un, "Plus jamais ça !", a renchéri un autre.
Les images étaient aussi largement commentées dans la presse européenne.
Selon le quotidien britannique The Guardian, elles résument "toute l'horreur du drame humain qui se déroule sur les côtes européennes". "Si ces images extraordinairement fortes d'un enfant syrien rejeté sur une plage ne modifient par l'attitude de l'Europe vis-à-vis des réfugiés, qu'est-ce qui le fera ?", interroge de son côté The Independent.
En Italie, le quotidien italien La Repubblica a tweeté "La photo qui fait taire le monde", et en Espagne, le journal El Pais en faisait le "symbole du drame migratoire", tandis qu'El Periodico titrait sur le "Naufrage de l'Europe".
- Un flux continu -
A peine avaient-ils débarqué sur les côtes italiennes et grecques, où les arrivées ne tarissent pas, que migrants et réfugiés continuaient d'être attirés comme des aimants par l'Allemagne .
Au seul port athénien du Pirée, près de 4.500 d'entre eux ont mis pied à terre mercredi sur le continent européen, transférés par bateaux spéciaux de Lesbos, en Egée orientale.
Au large des côtes libyennes, ce sont près de 3.000 personnes, dont des centaines de femmes et d'enfants, qui ont été secourues mercredi, selon les garde-côtes italiens et l'ONG Médecins sans frontières.
La Grèce a décidé d'améliorer la prise en charge des exilés et s'est engagée à "accélérer" leur enregistrement et leur identification. C'est là une des demandes de ses partenaires européens pour mettre fin à leur dispersion incontrôlée dans l'Union européenne.
Depuis le début de l'année, la Grèce a compté un record de 160.000 arrivées, parmi les plus de 350.000 personnes au total ayant tenté le passage par la Méditerranée, dont plus de 2.600 sont morts pendant la traversée.
La plupart ont ensuite emprunté la route des Balkans pour gagner le nord de l'Europe, abandonnées à leur sort par les autorités grecques.
L'Allemagne a indirectement encouragé cet exode en renonçant à renvoyer les Syriens vers leur pays d'entrée dans l'UE, et en s'engageant à traiter leurs demandes d'asile.
Plusieurs centaines de réfugiés et de migrants ont ainsi continué d'affluer mercredi dans ce pays, après l'arrivée record mardi de 3.709 personnes sans visa, passées par la Hongrie et l'Autriche voisine.
Vienne a du coup haussé le ton mercredi contre cette entaille allemande aux accords de Dublin réglant en principe la prise en charge des réfugiés dans l'UE.
"J'ai toujours mis en garde contre une suspension des accords de Dublin () nous en voyons les effets maintenant", a déploré le ministre de l'Intérieur Johanna Mikl-Leitner.
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