Les tensions montaient mercredi en Europe face à l'afflux de dizaines de milliers de réfugiés et migrants attirés comme un aimant par l'Allemagne à peine débarqués sur les côtes italiennes et grecques, où les arrivées ne tarissent pas.
Au seul port du Pirée, près de 4.500 exilés ont mis pied à terre mercredi sur le continent européen, transférés par bateaux spéciaux de Lesbos, en Egée orientale. Les autorités locales s'y affirment débordées par l'afflux incessant en provenance des côtes turques toutes proches, chiffrant à plus de 85.000 les arrivées ces derniers mois.
Le bilan humain de la fuite vers l'Europe -- déja à plus de 2.600 morts cette année pour les seules traversées en Méditerranée -- s'est alourdi dans la nuit de mardi à mercredi. Au moins douze Syriens, dont cinq enfants, se sont noyés dans le naufrage de deux embarcations tentant de rallier l'île grecque de Kos au départ des côtes turques.
Le drame a semé l'émotion sur les réseaux sociaux, après la publication, sous le mot-dièse #KiyiyaVuranInsanlik ("l'humanité échouée" en turc), de la photo du corps d'un des enfants morts, un petit garçon.
Au total près de 3.000 personnes, dont des centaines de femmes et d'enfants ont été secourues mercredi au large des côtes libyennes, selon les garde-côtes italiens et l'ONG Médecins sans frontières.
Athènes a, de son côté, décidé d'améliorer la prise en charge de ces populations et aider les îles à faire face, et s'est engagé à "accélerer" l'enregistrement et l'identification des exilés. C'est là une des demandes de ses partenaires européens, pour mettre fin à leur dispersion incontrôlée dans l'Union européenne.
Depuis le début de l'année, la Grèce a compté un record de 160.000 arrivées, parmi les plus de 350.000 personnes au total ayant tenté le passage par la Méditerranée. La plupart ont ensuite emprunté la route des Balkans pour gagner le nord de l'Europe, abandonnées à leur sort par les autorités grecques.
Déja parmi les destinations favorites, l'Allemagne a indirectement encouragé cet exode en renonçant à renvoyer les Syriens vers leur pays d'entrée dans l'UE, et s'engageant à traiter leurs demandes d'asile.
Plusieurs centaines de réfugiés et migrants ont continué d'affluer mercredi en Allemagne, après l'arrivée record mardi de 3.709 personnes sans visa, passés par la Hongrie et l'Autriche voisine.
Vienne a du coup haussé le ton mercredi contre cette entaille allemande aux accords de Dublin réglant en principe la prise en charge des réfugiés dans l'UE.
"J'ai toujours mis en garde contre une suspension des accords de Dublin () nous en voyons les effets maintenant", a déploré le ministre de l'Intérieur Johanna Mikl-Leitner dans un entretien au quotidien Die Presse.
A Budapest, une centaine de migrants ont manifesté devant la principale gare de la capitale alors que la police empêchait 2.000 personnes de monter dans des trains pour l'Autriche et l'Allemagne.
Mardi, 2.284 personnes, dont 353 enfants, sont entrés en Hongrie, qui a compté au total plus de 50.000 arrivées en août, en dépit de la clôture de barbelés érigée le long de la frontière avec la Serbie.
- L'espace Schengen menacé? -
Pour faire face à l'afflux de populations fuyant la guerre, les persécutions et la pauvreté au Moyen-Orient et en Afrique, "le plus important est d'apporter la paix et la stabilité" dans les régions en crise, a affirmé pour sa part le Premier ministre britannique David Cameron.
"Je ne pense pas qu'une réponse puisse être trouvée en prenant en charge de plus en plus de réfugiés", a-t-il insisté dans des déclarations à la BBC.
Le risque se dessine d'une crispation menaçant la liberté de mouvement dans l'UE, un des principaux succès de la construction européenne.
L'espace Schengen de libre circulation est "réduit en miettes" par la crise migratoire en cours a estimé le chef de la diplomatie slovaque Miroslav Lajcak. "Les migrants passent absolument librement à travers les pays qui sont responsables d'en protéger les frontières", a-t-il déploré.
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