On attendait un responsable politique blanchi sous le harnais et c'est finalement la benjamine du gouvernement Myriam El Khomri, 37 ans et peu connue du grand public, qui est sortie du chapeau présidentiel pour succéder à François Rebsamen au ministère du Travail dans une fonction capitale.
A 20 mois de la présidentielle de 2017, celle qui n'occupait qu'un second rôle dans le gouvernement, au secrétariat d'Etat à la Ville depuis 2014, se retrouve ainsi propulsée aux avant-postes, dans une fonction ô combien stratégique pour le chef de l'Etat.
François Hollande a fait de l'inversion de la courbe jusqu'ici ascendante du chômage la condition sine qua non d'une nouvelle candidature en 2017.
"Je mesure la responsabilité qui est la mienne. Comptez sur ma combativité et ma détermination au service des Français #travail #emploi", a-t-elle tweeté peu après sa nomination.
Comme un symbole : le président et le Premier ministre Manuel Valls ont raccompagné la ministre fraichement nommée et tout sourire sur le perron de l'Elysée après s'être entretenu avec elle à l'issue du Conseil des ministres.
"C'est une femme d'expérience qui a réalisé un travail de grande qualité auprès de Patrick Kanner depuis août 2014", a fait valoir l'entourage de François Hollande à l?appui de sa nomination.
"Elle a parfaitement rempli sa tâche avec le souci d'être toujours en prise avec le terrain et à l'écoute et en dialogue avec les citoyens", a-t-on ajouté, notant encore qu'elle "incarne la jeunesse, une nouvelle génération et le renouvellement" au sein du gouvernement.
Elue dans le 18e arrondissement de Paris, cette jeune femme brune "connaît parfaitement les politiques de l'emploi sur le terrain, qu'elles soient en direction de la jeunesse ou des quartiers", fait-on également valoir de même source.
'Un très beau symbole'
Quand à ses fonctions auprès du ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports Patrick Kanner, elles seront reprises en main pleinement par ce dernier. "Il n'est pas prévu qu'elle soit remplacée" comme secrétaire d'Etat à la Ville, précise-t-on à l'Elysée.
Née à Rabat en 1978 d'une mère bretonne, enseignante, et d'un père marocain, commerçant, Myriam El Khomri, adhère au PS en 2002. Elle avait été l'une des porte-parole de la campagne pour les municipales de la future maire de Paris Anne Hidalgo en 2014.
François Rebsamen était démissionnaire après avoir retrouvé son fauteuil de maire de Dijon suite au décès brutal d'Alain Millot le 27 juillet.
Parmi les noms régulièrement cités pour sa succession figuraient ceux de Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée, et du député PS "frondeur" des Hauts-de-Seine et proche de Martine Aubry Jean-Marc Germain. Plusieurs membres du gouvernement avaient également été évoqués: Emmanuel Macron (Economie), Stéphane Le Foll (Agriculture) et Alain Vidalies (Transports).
Juste avant l'annonce de la nomination de Myriam El Khomri, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, avait énuméré les "trois grands objectifs" assignés par le président de la République au successeur de François Rebsamen: "la mise en place du compte personnel d'activité", le "rapport Combrexelle sur les évolutions du Code du travail" et l'assurance-chômage.
S'il a recadré Emmanuel Macron sur les 35 heures, Manuel Valls a en effet prévenu dimanche à La Rochelle qu'il entendait poursuivre la réforme du marché du travail, appelant à "revoir en profondeur la manière même de concevoir notre réglementation" dans un domaine toujours explosif à gauche.
"Il y a du travail pour le ministre du Travail", a plaisanté M. Le Foll mercredi.
Parmi les premières réactions, le député PS de Seine-Saint-Denis et proche de Manuel Valls, Pascal Popelin, a salué "un excellent choix" et "un très beau symbole: une jeune femme à un tel ministère dans une telle période".
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