La piste criminelle est privilégiée dans l'incendie qui a fait huit morts, dont deux enfants, mercredi au petit matin dans un immeuble dans le nord de Paris, le sinistre le plus grave depuis 2005 dans la capitale.
Un homme d'une trentaine d'années, "qui pourrait avoir été présent" sur les lieux du drame, a été interpellé "dans le quartier" et placé en garde à vue, selon des sources proches de l'enquête, confiée par le parquet de Paris à la brigade criminelle de la police judiciaire.
Il a été arrêté "à la suite de l'exploitation des premiers témoignages et des images de vidéosurveillance, mais on reste très prudents", a dit une de ces sources à l'AFP.
"La piste criminelle est privilégiée", a confirmé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, sur Europe 1 après s'être rendu sur les lieux.
En cause, deux départs de feu successifs, à deux heures d'intervalle dans la nuit de mardi à mercredi, dans ce même immeuble du 4, rue Myrha, dans le XVIIIe arrondissement. Il y a donc eu "deux interventions différentes à la même adresse", à 02H23 et 04H30, a relaté sur place un porte-parole des pompiers de Paris, le commandant Gabriel Plus. Le premier était un feu de papiers "limité".
"Il est évident que quand on a deux appels dans la même nuit, on ne peut pas ignorer que ça peut être un acte de malveillance", a ajouté à ses côtés le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
Une ou des personnes auraient été vues s'éloigner en courant après le départ du feu, et la police cherche à savoir si elles sont impliquées.
Bernard Cazeneuve a déploré un "bilan très lourd: huit morts, quatre blessés qui sont encore en urgence relative". Parmi les personnes décédées, deux se sont défenestrées, les autres sont mortes intoxiquées, selon les pompiers.
- Feu "du rez-de-chaussée au toit" -
Le feu s'est déclaré au rez-de-chaussée d'un immeuble d'habitation avant de se propager dans la cage d'escalier, a précisé à l'AFP une source proche de l'enquête. Selon le porte-parole des pompiers, les cinq étages de cet immeuble beige ont été touchés par le feu "du rez-de-chaussée au toit".
Une grande trace noire verticale était visible mercredi matin sur trois niveaux, tandis que des pompiers sortaient de l'immeuble le visage couvert de suie, dans une forte odeur de brûlé.
Dissimulés derrière une bâche déployée devant l'immeuble, les corps des victimes ont été évacués à la mi-journée.
"J'ai vu des flammes, j'ai vu des corps par terre inanimés", a raconté à l'AFP Tissem Ferjani, une pâtissière qui habite rue Myrha, dans ce quartier populaire de Paris. "Il était à peu près quatre heures du matin, j'ai été réveillée par les cris, les gens criaient à l'aide, ils n'avaient pas de choix, soit ils restaient chez eux et ils mouraient soit ils sortaient par la fenêtre et ils tombaient."
"Le feu est éteint depuis 08H00 mais l'intervention n'est pas terminée", a expliqué le commandant Plus. Les pompiers, qui ont déployé une centaine d'hommes, ont évoqué un risque d'écroulement de l'escalier qui s'est embrasé mais pas de l'immeuble lui-même.
"L'immeuble est un immeuble privé", "il ne relève ni du logement social, ni du traitement pour insalubrité", a assuré la maire de Paris, Anne Hidalgo, au côté du ministre de l'Intérieur qui a pour sa part précisé qu'il avait fait l'objet d'une "rénovation récente" et était "sécurisé" par un "digicode". Une quinzaine de logements auraient été touchés, a ajouté la maire. "Paris est endeuillée ce matin", a-t-elle déclaré.
Il s'agit de l'incendie le plus meurtrier depuis 2005 à Paris, année où une vague de feux avait fait une cinquantaine de morts dans la capitale. Les plus meurtriers avaient été celui de l'hôtel Paris-Opéra (24 morts, dont 11 enfants) en avril et celui du boulevard Vincent-Auriol (17 morts, dont 14 enfants), dans le XIIIe arrondissement en août.
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