Voilà plus de 110 ans que des tramways à impériale sillonnent Hong Kong, résistant au temps qui passe et aux sirènes du développement. Certains voudraient les jeter aux oubliettes de l'histoire, au grand dam d'habitants en colère.
Connus à Hong Kong sous l'appellation "ding-ding" à cause de leur klaxons caractéristiques, les tramways qui desservent la bande côtière septentrionale de l'île principale de l'ancienne colonie britannique transportent chaque jour plus de 200.000 passagers.
Ils ont résisté au développement économique qui a rasé petit à petit de nombreux lieux historiques dans la ville de sept millions d'habitants hérissée de gratte-ciel.
Avec 163 voitures à un étage, les Tramways de Hong Kong, co-entreprise des Français RATP et Transdev (filiale de Veolia et de la Caisse des dépôts), disposent de la plus importante flotte de ce type au monde. Et le tarif de base du trajet n'est que de 2,30 dollars de Hong Kong (0,25 euro).
Mais aujourd'hui, une proposition visant à abandonner ce mode de transport dans le quartier financier de Central, au coeur de la ville, inquiète.
Des milliers de personnes ont signé une pétition pour s'opposer à ce projet soumis au service de la planification urbaine de Hong Kong par Sit Kwok-keng, lui-même ancien membre de ce service qui joue un rôle de conseiller auprès du gouvernement local.
Pour lui, le tramway est trop lent, provoque des embouteillages et est devenu superflu avec l'accroissement du réseau du métro.
"Le tram occupe une partie importante de la voie. Son efficacité est plutôt faible. J'essaye de rendre les transports hongkongais plus efficaces", dit-il à l'AFP.
La proposition sera soumise au service de planification en octobre et en attendant, le gouvernement, qui a le dernier mot en la matière, cherche à rassurer. Sans convaincre.
- "Victime des embouteillages" -
"L'opinion publique est vent debout contre cette idée", explique à l'AFP Kwong Sum-yin, qui a pris la tête d'une campagne "Sauvez les trams". "Les trams sont d'avant-garde, un mode de transport à zéro émissions dans un monde qui parle de durabilité".
Kwong Sum-yin, qui dirige le réseau Air propre, propose plutôt de chasser les voitures de Central afin de faire place à un plus grand nombre de tramways et améliorer la circulation.
Une association écologiste a réussi à inciter 3.000 personnes à écrire au service de planification pour faire part de leurs objections.
Le directeur général des Tramways de Hong Kong, Emmanuel Vivant, souligne que ces voitures sont en partie ce qui fait de Hong Kong "une grande ville" et ne sont en rien la cause de la congestion du trafic.
"Le tramway n'est pas responsable des problèmes d'embouteillage, le tramway en est une victime", lance-t-il. "La raison des embouteillages à Hong Kong tout le monde la connaît: c'est l'augmentation du nombre des véhicules particuliers, +50% dans les dix dernières années".
Beaucoup d'habitants sont attachés à ce témoignage du passé. "Il a une longue histoire et il y a la nostalgie", souligne Lau Chap-tong, électricien de 56 ans, dans le tramway qui l'emmène dans le quartier de Sai Ying Pun, dans l'ouest de Hong Kong. "Il aura une signification spéciale pour les génération futures".
En 2007, les gens avaient manifesté en vain contre le démantèlement du débarcadère de la Reine, où arrivaient traditionnellement les personnalités pendant l'ère coloniale, pour faire place à une autoroute.
Malgré tout, maintient Sit Kwok-keung, il est temps de passer à autre chose.
"L'efficacité, c'est ce qui compte le plus", dit-il. Pour lui, les tramways doivent être transformés en "musées mobiles". "Pourquoi est-ce qu'on devrait encore avoir ce type de transport dépassé?"
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