L'adoption par les députés ukrainiens d'un projet de loi octroyant une plus grande autonomie aux régions séparatistes de l'est de l'Ukraine a tourné lundi à l'affrontement entre policiers et manifestants nationalistes, faisant un mort et une centaine de blessés devant le Parlement.
Le président Petro Porochenko va s'adresser à la nation après ces violences sans précédent dans la capitale ukrainienne depuis le soulèvement pro-européen de Maïdan, réprimé dans le sang par le précédent régime prorusse, qui a finalement été renversé début 2014.
Au moins 90 membres des forces de l'ordre ont été blessés lors de ces heurts avec des manifestants nationalistes, notamment du parti d'extrême-droite Svoboda, opposés à l'adoption par les députés en première lecture d'un projet de réforme constitutionnelle visant à octroyer davantage d'autonomie aux régions séparatistes de l'Est prorusse, selon le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov.
Un membre de la Garde nationale a succombé sur la table d'opération à une blessure par balle, selon le ministre et la porte-parole de la Garde nationale.
Quatre personnes ont des blessures graves "aux yeux, au ventre, au cou et aux jambes", a par ailleurs précisé Arsen Avakov alors que la police de Kiev a de son côté fait état de jusqu'à 100 blessés, dont plusieurs graves.
Le ministre de l'Intérieur a accusé les membres de Svoboda d'avoir lancé "plusieurs engins explosifs" sur les forces de l'ordre.
Des journalistes de l'AFP ont vu des manifestants, dont des militants de Svoboda jeter de nombreuses grenades fumigènes sur la police qui défendait l'enceinte du Parlement.
Un engin explosif lancé depuis la foule de plusieurs centaines de manifestants est tombé devant l'entrée principale du Parlement faisant des blessés, essentiellement des membres de forces de l'ordre mais aussi plusieurs journalistes, a constaté un journaliste de l'AFP.
- Projet de réforme controversé -
Le ministère de l'Intérieur a affirmé qu'il s'agissait d'une grenade de combat et a déclaré que la personne l'ayant jetée faisait partie d'une trentaine de personnes interpellées après les heurts.
Le journaliste de l'AFP a vu au moins 20 blessés, dont 19 en uniforme policier et de la Garde nationale, d'abord allongés à même le sol, certains dans des flaques de sang. Plusieurs blessés étaient inconscients au moment où leurs collègues ont commencé à les porter à bout de bras vers les ambulances.
Faute de place dans les ambulances, plusieurs blessés ont dû être placés dans des voitures de police, parfois dans le coffre, a constaté une journaliste de l'AFP.
Avant l'explosion, plusieurs dizaines de manifestants et policiers en étaient venus aux mains devant le Parlement, les protestataires tentant de percer le cordon de sécurité autour de l'assemblée.
Les violences ont éclaté peu après l'approbation par le Parlement en première lecture d'une réforme donnant plus d'autonomie à l'Est séparatiste en proie à la guerre.
Un total de 265 députés, contre un minimum requis de 226, ont voté en faveur de cette décision lors d'une séance houleuse, pendant laquelle des députés opposés à ce projet qu'ils considèrent "anti-ukrainien" et "pro-Poutine" ont bloqué l'accès à la tribune parlementaire et scandé "Honte!".
L'adoption de ce projet de réforme avait été exigée par les alliés occidentaux de l'Ukraine qui y voient un moyen d'apaiser le conflit armé ayant fait plus de 6.800 en seize mois.
Beaucoup en Ukraine ont toutefois dénoncé cette réforme comme une tentative de légaliser de facto le contrôle par les rebelles d'une partie de l'est industriel du pays.
Le projet de réforme octroie davantage de pouvoirs aux conseils des élus régionaux et locaux, notamment ceux situés dans la zone actuellement sous contrôle rebelle. Le projet de loi autorise notamment l'organisation d'une "police populaire".
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