Après un discours plutôt généreux sur l'accueil des migrants, Manuel Valls passe aux travaux pratiques lundi à Calais, un des lieux emblématiques de cette crise, où il discutera de la coopération avec le Royaume-Uni, avant une réunion européenne d'urgence le 14 septembre.
Le Premier ministre est arrivé à la sous-préfecture de Calais lundi matin, accompagné du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et de deux commissaires européens, le vice-président Frans Timmermans et le commissaire chargé des questions migratoires, Dimitris Avramopoulos.
Il doit visiter notamment dans la matinée le centre d'accueil Jules Ferry, qui jouxte "la jungle" où vivent des milliers d'hommes et de femmes tentant de rejoindre l'Angleterre.
Une aide supplémentaire de plusieurs millions d'euros de Bruxelles est attendue côté français, selon des sources gouvernementales. La France a déjà obtenu 35 millions d'euros d'aides des Britanniques - dont dix millions via l'accord entre Paris et Londres signé le 20 août - et 7 millions d'euros de l'Union européenne.
Dimanche, devant les militants socialistes en clôture de l'université PS à La Rochelle, Manuel Valls, sans renoncer à une exigence de "fermeté", avait insisté sur le besoin d'"humanité" et de "responsabilité" à l'égard des migrants.
Les migrants qui "fuient la guerre, les persécutions, la torture, les dictatures, doivent être accueillis () traités dignement, abrités, soignés", a déclaré le Premier ministre.
A l'appel de Berlin, Londres et Paris, les ministres de l'Intérieur de l'UE se réuniront le 14 septembre "pour avancer concrètement" face à la crise migratoire, alors que l'Europe peine à trouver des solutions à l'augmentation du nombre de réfugiés, syriens notamment, et que les drames se multiplient, à l'instar du camion découvert jeudi en Autriche avec 71 cadavres de migrants.
L'Italie, l'un des principaux pays d'entrée dans l'UE pour les migrants avec la Grèce et la Hongrie, veut faire de la création d'un droit d'asile européen "la bataille des prochains mois".
Pour Manuel Valls, il s'agit, "en pleine crise des migrants", de montrer "que le gouvernement est mobilisé et que la France est à l'initiative avec l'Allemagne", a souligné auprès de l'AFP son entourage.
Le Premier ministre avait salué dimanche les prises de position et les "bonnes décisions" d'Angela Merkel en faveur des réfugiés, alors que l'Allemagne est le principal octroyeur d'asile dans l'Union européenne.
Manuel Valls veut montrer que la France n'est pas passive, même si les 60.000 demandeurs d'asile prévus cette année dans l'Hexagone sont bien loin de la prévision record de 800.000 côté allemand.
Berlin a en outre renoncé à renvoyer les réfugiés syriens dans leur pays d'entrée dans l'UE, comme le permettent pourtant les règles européennes des accords dits de Dublin.
- "Exercice de communication" -
Manuel Valls devrait toutefois afficher sa "fermeté" vis-à-vis de l'immigration économique irrégulière.
"Face à cela, il faut des règles strictes, la plus grande intransigeance pour lutter ? et je pense à Calais, et la coopération franco-britannique ? contre les passeurs, les trafiquants d'espoir qui se repaissent de la misère humaine", a-t-il dit à La Rochelle.
En fin de matinée, le Premier ministre doit visiter le site d'Eurotunnel à Coquelles (Pas-de-Calais), où de nouvelles barrières visant à bloquer les migrants tentant de pénétrer dans le tunnel sous la Manche ont été installées début août, aux frais des Britanniques.
Des renforts policiers et sécuritaires ont également été annoncés dans le cadre de l'accord franco-britannique signé le 20 août par Bernard Cazeneuve et son homologue Theresa May. Manuel Valls finira d'ailleurs son déplacement par une visite aux forces de l'ordre dans l'après-midi.
Eurotunnel a dénombré jusqu'à 2.000 tentatives d'intrusion par nuit fin juillet, avec plusieurs morts au cours de l'été.
Manuel Valls tiendra également une conférence de presse commune avec M. Timmermans à la sous-préfecture de Calais à la mi-journée, avant une rencontre avec des associations d'aide aux migrants.
L'une d'entre elles, Passeurs d'hospitalité, a d'ores et déjà dénoncé dans un communiqué un "exercice de communication", visant à "montrer qu'on fait quelque chose alors qu'on ne répète que les mêmes recettes".
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