Après une semaine marquée par plusieurs incidents xénophobes visant les réfugiés en Allemagne, médias et personnalités se mobilisent en leur faveur, soucieux d'offrir le visage d'un pays terre d'accueil.
"Nous aidons", proclamait samedi la Une du quotidien populaire Bild, le plus lu d'Europe, qui a choisi de lancer "une grande opération d'aide" en faveur des réfugiés pour "montrer que les braillards et les xénophobes ne gueulent pas en notre nom".
L'Allemagne fait face à un afflux sans précédent de réfugiés, l'Office fédéral en charge de ce dossier prévoyant l'arrivée de 800.000 demandeurs d'asile en 2015.
Ces arrivées et la nécessaire ouverture de centres d'accueil dans tout le pays pour y faire face se heurtent à des réactions de rejet parfois violentes, notamment dans l'Est du pays.
Incendies volontaires, menaces, agressions, ou encore manifestations, comme à Heidenau (Saxe, est), se sont succédé en Allemagne durant la semaine, conduisant Angela Merkel à visiter pour la première fois un centre de réfugiés, dans cette petite ville, théâtre de heurts entre police et militants d'extrême-droite.
La chancelière devrait revenir une nouvelle fois sur le sujet à l'occasion d'une conférence de presse, lundi.
A l'image de Bild, d'autres médias, comme l'hebdomadaire Der Spiegel ou le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung (SZ) s'engagent aussi.
Le premier proposait samedi une double couverture, la première consacrée à la "sombre Allemagne" et illustrée par une photo d'un foyer de réfugiés en flammes, la seconde montrant "l'Allemagne lumineuse" et des enfants de réfugiés lançant des ballons dans le ciel.
"C'est à nous de définir comment nous allons vivre, nous avons le choix", expliquait le magazine tandis que le SZ proposait à ses lecteurs soucieux d'agir un guide pratique pour leurs dons de vêtements, de nourriture, etc.
- "Chers réfugiés" -
"Chers réfugiés, c'est bon que vous soyez là car cela nous permet de vérifier la qualité de nos valeurs et de montrer notre respect des autres", estimait le champion du monde de foot et milieu du Real Madrid, Toni Kroos, cité dans la presse.
Comme lui, d'autres personnalités prennent position comme l'avait déjà fait Til Schweiger, star du cinéma en Allemagne, dont la maison a été placée sous surveillance après l'intrusion d'inconnus dans son jardin.
Le chanteur de rock Udo Lindenberg souhaite par exemple organiser un grand concert pour "célébrer la culture d'accueil" de l'Allemagne qui pourrait avoir lieu le 4 octobre à Berlin.
Dans un pays marqué par le souvenir de son passé nazi, cette mobilisation rappelle celles qui ont pu se produire lors d'autres incidents racistes. En 2000, l'ex-chancelier social-démocrate Gerhard Schröder avait ainsi appelé à un "soulèvement des honnêtes gens" après l'incendie d'une synagogue à Düsseldorf (ouest).
L'Allemagne est "un pays tolérant et ouvert", a encore martelé samedi le ministre de l'Intérieur Thomas de Maizière, dans le quotidien Die Welt.
Dans un éditorial intitulé "Ce que nous sommes", le quotidien conservateur se voulait d'ailleurs optimiste, estimant que loin des incidents xénophobes, "la vigueur de l'engagement bénévole change le visage de l'Allemagne" qui à travers sa "culture d'accueil" est "en train de se redécouvrir".
Ce mouvement "contribue à cette nouvelle définition du pays comme terre d'immigration", jugeait même Die Welt alors que jadis, l'Allemagne conservatrice du chancelier Helmut Kohl (CDU) refusait catégoriquement de se définir comme telle.
Un sondage publié en janvier par la fondation Bertelsmann montrait que la "culture de l'accueil" était en progression en Allemagne: 60% des sondés se disaient prêts à accueillir des étrangers, contre 49% trois ans plus tôt.
Mais l'étude relevait également que la société était encore partagée sur la question de savoir si l'immigration était une chance. Elle soulignait enfin que dans l'ex-RDA, on se montrait moins enclin à accueillir les étrangers.
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