Michel Combes, qui s'apprête à quitter la direction d'Alcatel-Lucent, pourrait toucher près de 14 millions d'euros sur 3 ans grâce à diverses primes, suscitant l'ire des syndicats et un appel du gouvernement à revoir sa rémunération.
L'attribution de cette rémunération sous forme d'actions a été révélée par le Journal du Dimanche (JDD) qui s'appuie sur des documents officiels publiés sur le site internet du groupe.
Ces informations tombent à deux jours du départ de Michel Combes, directeur général d'Alcatel-Lucent depuis mai 2013, qui doit quitter ses fonctions le 1er septembre et va prendre selon la presse la présidence du conseil d'administration de l'opérateur Numericable-SFR.
Son départ était prévu dans le cadre du projet de rachat de l'équipementier en télécoms franco-américain par son concurrent finlandais Nokia.
Au total, ce sont 4,5 millions d'actions sur trois ans que pourrait recevoir le dirigeant, soit jusqu'à 13,7 millions d'euros, selon les calculs du JDD qui se fonde sur le cours de clôture d'Alcatel-Lucent vendredi (3,06 euros).
Cette enveloppe est liée à la fois à une rémunération en actions conditionnée à des critères de performance, à une clause de non concurrence et au versement de "stock options", selon les documents disponibles sur le site du groupe.
Les syndicats ont réagi vivement à ces informations.
Dans une déclaration transmise à l'AFP, la CFE-CGC estime que "Michel Combes devrait avoir l'élégance de renoncer à la majeure partie de ses indemnités", rappelant qu'il "a certes redressé le groupe mais cela s'est fait au prix d'un plan social d'une violence sans précédent".
De son côté, Stéphane Dubled, coordinateur CGT du groupe, regrette le fait que le directeur général se soit présenté "comme le chevalier blanc en avril", quand M. Combes avait annoncé qu'il renonçait au versement de "son parachute doré" de 2,4 millions d'euros et à l'encaissement du produit d'actions qui lui avaient été attribuées.
Dès son arrivée, M. Combes a mis en place le plan "Shift" avec pour principal objectif le redressement du groupe, en proie à de graves difficultés financières et à une concurrence internationale féroce.
Ce redressement s'est toutefois réalisé au prix d'une lourde restructuration sociale, puisque le plan Shift prévoyait 10.000 suppressions de postes sur 2013-2015, dont 600 en France.
- "Garder le sens de la mesure" -
Dans un communiqué publié dimanche, l'équipementier défend le bilan de M. Combes qui "a permis de multiplier par 6 la valeur de l?entreprise et l'a sauvée de la faillite".
Il réfute l'idée qu'il s'agisse d'une "prime liée à son départ", indiquant, pour la partie rémunération en actions, que son versement est soumis à la réussite du mariage avec Nokia.
En outre, selon Alcatel-Lucent, "tout montant publié relève d?hypothèses non réalisées et non vérifiables sur le cours des actions attribuées d'ici 2018".
Interrogé en marge de l'université d'été du PS, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a quant à lui demandé à Michel Combes, de "réfléchir" à ses conditions de départ.
"Il faut toujours garder le sens de la mesure. Oui, il est nécessaire de récompenser ceux qui s'engagent et ceux qui, en partie, ont fait avancer les choses. Mais en même temps, cela ne peut pas se faire sans limite, sans principe", selon M. Le Foll.
La rémunération en actions était au départ conditionnée à une présence dans l'entreprise trois ans après leur attribution, mais le groupe a décidé mi-avril de supprimer pour l'ensemble des bénéficiaires cette obligation, du fait du projet de rachat par Nokia.
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