L'enquête sur l'attentat de Bangkok s'est concentrée dimanche sur l'interrogatoire du suspect étranger interpellé samedi, la police privilégiant la piste d'un réseau de trafiquants de faux papiers au terrorisme international.
Les enquêteurs espèrent faire enfin la lumière sur cette attaque inédite en Thaïlande, qui reste non revendiquée près de deux semaines après.
L'armée détient l'homme, qui voyageait avec un passeport turc, sur un site militaire tenu secret.
Elle "a autorisé la police à participer à l'interrogatoire avec un traducteur", a déclaré à l'AFP le chef de l'armée, le général Udomdej Sitabutr, après avoir regretté que "l'interrogatoire ne progresse pas" dans la matinée.
"Nous pensons qu'il parle anglais et d'autres langues", a précisé le porte-parole de la police nationale, Prawut Thavornsiri, devant la presse, assurant travailler "avec plusieurs ambassades dont il pourrait être un ressortissant", sans jamais citer la Turquie, dont l'homme détenait des dizaines de passeports.
En parallèle, les enquêteurs analysent les preuves réunies la veille lors de son interpellation dans un appartement d'une lointaine banlieue de Bangkok, traces ADN sur ses vêtements (où ont déjà été découvertes la veille des traces de TNT) et données de son téléphone.
Le chef de l'armée a assuré que les autorités thaïlandaises étaient désormais "sûres à 100% de son implication" dans l'attentat qui a fait 20 morts et plus de 120 blessés en plein centre de Bangkok le 17 août, mais sans pouvoir encore établir son rôle exact.
Au-delà, la police a annoncé la mise sous surveillance d'un millier de téléphones portables et a organisé plusieurs raids dimanche dans la même banlieue, sous les caméras des journalistes, en vain. "Nous ne pouvons pas juste arrêter quelqu'un et connaître ses mobiles immédiatement" , a plaidé Prawut.
- Déclarations contradictoires de la police -
"Mais le chef de la police nationale pense que c'est dû à la colère de certains groupes qui ne sont pas contents de la répression de leurs activités de passeurs de migrants et de fournisseurs de faux passeports", a insisté le porte-parole.
Après avoir évoqué des hypothèses variées depuis deux semaines, la dernière piste privilégiée est ainsi celle d'un groupe de trafiquants spécialisé dans la fabrications de faux passeports souhaitant se venger de la politique répressive de la junte arrivée au pouvoir en Thaïlande après le coup d'Etat de mai 2014.
Le chef de la police nationale, Somyot Poompanmoung, évoquait samedi soir "une querelle privée", disant "peu probable qu'il s'agisse d'un terroriste international".
Le suspect "avait plus de 200 faux passeports" lors de son arrestation, "c'est un réseau qui crée de fausses identités" et aide des migrants illégaux à transiter "vers des pays tiers", a affirmé le porte-parole de la police dimanche.
La police et la junte ont à plusieurs reprises exclu la possibilité que l'attaque soit le fait d'un groupe terroriste international, mais certaines de leurs déclarations ont ensuite semblé moins affirmatives.
Ajoutant aux doutes émis sur le sérieux des autorités thaïlandaises, elles ont admis dimanche qu'avait été diffusée par erreur une photo de veste de kamikaze lors de l'annonce officielle de l'arrestation de l'homme samedi.
Alors que le porte-parole de la junte annonçait l'arrestation de l'homme samedi après-midi sur les chaînes publiques de télévision, a été diffusée une photo d'une veste de kamikaze, avec charges intégrées reliées par des fils électriques.
"L'image n'a rien à voir avec la bombe", a finalement annoncé la police sur son compte Twitter. Cette photo a été publiée en 2013 sur le site de l'agence américaine chargée de la sécurité aéroportuaire, la Transportation Security Administration (TSA).
Habituée aux longues crises politiques, la Thaïlande a connu plusieurs épisodes de manifestations violentes mais jamais d'attentat à la bombe de ce type, comme ont pu en connaître des pays de la région visés par des militants islamistes.
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