L'enquête sur l'attentat de Bangkok était suspendue dimanche à l'interrogatoire du suspect, qui refuse de coopérer, la police ajoutant pour sa part à la confusion en avançant la piste d'une vengeance par un réseau fournissant des passeports aux migrants illégaux.
Le suspect étranger arrêté samedi était toujours interrogé dimanche par les enquêteurs, qui espèrent faire enfin la lumière, 13 jours après cette attaque non revendiquée, sans précédent en Thaïlande.
"L'interrogatoire ne progresse pas car le suspect ne nous donne pas vraiment d'informations utiles", a déclaré à l'AFP le chef de l'armée, le général Udomdej Sitabutr.
Depuis l'arrestation de l'homme dans l'appartement qu'il louait sous une identité turque dans une lointaine banlieue de Bangkok, l'armée mène son interrogatoire dans une enceinte militaire dont le lieu n'a pas été précisé.
"Nous devons encore l'interroger et nous faire mieux comprendre, de façon à ce qu'il soit plus coopératif, tout en faisant attention à ne pas violer les droits du suspect", a ajouté le chef de l'armée.
Le général Udomdej a assuré que les autorités thaïlandaises étaient désormais "sûres à 100% de son implication" dans l'attentat qui a fait 20 morts et plus de 120 blessés en plein centre de Bangkok le 17 août.
La police avait annoncé samedi qu'une chemise portant des traces de TNT faisait partie des objets saisis, ainsi que des roulements à bille similaires à ceux utilisés dans la bombe ayant visé le sanctuaire hindouiste d'Erawan, visité par de nombreux touristes chinois.
- Déclarations contradictoires de la police -
La police a quant à elle fait au cours du week-end des déclarations contradictoires et mystérieuses.
Son porte-parole, Prawut Thavornsiri, a ainsi affirmé dimanche que le suspect faisait partie d'un groupe de trafiquants d'êtres humains, spécialisé dans la fabrications de faux passeports souhaitant se venger de la politique répressive de la junte arrivée au pouvoir en Thaïlande après le coup d'Etat de mai 2014.
"Ils ne sont pas contents des arrestations de migrants illégaux par la police", a-t-il déclaré dans une interview à la Troisième chaîne de télévision, sans préciser d'où il tenait cette nouvelle piste.
Le chef de la police nationale, Somyot Poompanmoung, évoquait quant à lui samedi soir "une querelle privée", disant "peu probable qu'il s'agisse d'un terroriste international".
Le suspect "avait plus de 200 faux passeports" lors de son arrestation, "c'est un réseau qui crée de fausses identités" et aide des migrants illégaux à transiter "vers des pays tiers", a affirmé le porte-parole de la police dimanche.
La police et la junte ont à plusieurs reprises exclu la possibilité que l'attaque soit le fait d'un groupe terroriste international, mais certaines de leurs déclarations ont ensuite semblé moins affirmatives.
Ajoutant aux doutes émis sur le sérieux des autorités thaïlandaises, elles ont admis dimanche qu'avait été diffusée par erreur une photo de veste de kamikaze lors de l'annonce officielle de l'arrestation de l'homme samedi.
Alors que le porte-parole de la junte annonçait l'arrestation de l'homme samedi après-midi sur les chaînes publiques de télévision, a été diffusée une photo d'une veste de kamikaze, avec charges intégrées reliées par des fils électriques.
"L'image n'a rien à voir avec la bombe", a finalement annoncé la police sur son compte Twitter. Cette photo a été publiée en 2013 sur le site de l'agence américaine chargée de la sécurité aéroportuaire, la Transportation Security Administration (TSA).
Habituée aux longues crises politiques, la Thaïlande a connu plusieurs épisodes de manifestations violentes mais jamais d'attentat à la bombe de ce type.
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