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Paris (AFP). Chantage contre le royaume du Maroc: les deux journalistes mis en examen

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Paris (AFP). Chantage contre le royaume du Maroc: les deux journalistes mis en examen
Eric Laurent le 30 août 2006 à Jouy-en-Josas - AFP/Archives
Abandon d'un projet de livre contenant des informations supposées gênantes en échange de deux millions d'euros: deux journalistes français soupçonnés d'avoir fait chanter le royaume du Maroc ont été mis en examen à Paris pour chantage et extorsion de fonds. Eric Laurent et Catherine Graciet, qui préparaient un livre sur le roi du Maroc Mohammed VI, dont la sortie était prévue en début d'année prochaine selon les Editions du Seuil, ont été mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi, a affirmé à l'AFP une source judiciaire. Ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire. Celui-ci leur interdit notamment d'entrer en contact entre eux ou avec tout autre protagoniste du dossier. Cette affaire rocambolesque intervient alors que les relations, souvent passionnées, entre le royaume chérifien et la France connaissent une embellie, après plus d'un an de brouille provoquée par une autre affaire judiciaire, une enquête française portant sur des accusations de torture à l'encontre du chef du contre-espionnage marocain. Les deux journalistes ont été interpellés jeudi à Paris et placés en garde à vue à la sortie d'un rendez-vous avec un représentant du Maroc au cours duquel "il y a eu remise et acceptation d'une somme d'argent", a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. Pour l'avocat de Catherine Graciet, Me Éric Moutet, il y a bien eu un "deal financier", dans un "contexte très troublant". "Le royaume marocain a des comptes évidents à solder avec Catherine Graciet et un nouveau livre sur l'entourage du roi est en préparation au moment où le deal financier se met en place", a-t-il estimé vendredi soir. Il a également évoqué "un piège" dans lequel serait tombée sa cliente. - "Enregistrements sauvages" - L'affaire a débuté le 23 juillet quand Eric Laurent a contacté une première fois le cabinet royal marocain en indiquant qu'il préparait un livre, selon l'avocat du Maroc, Me Eric Dupond-Moretti. Une première rencontre aurait été organisée à Paris avec un représentant du Maroc à qui "Eric Laurent dit +écoutez, moyennant 3 millions d'euros, je ne publie pas mon livre, un livre que je prépare avec Catherine Graciet", a raconté l'avocat. Trois sources proches du dossier ont affirmé à l'AFP qu'Eric Laurent avait reconnu les faits, sans toutefois préciser la teneur exacte de ces aveux. Le journaliste de 68 ans n'est pas un inconnu au Maroc. Il a publié en 1993 un livre d'entretiens avec l'ancien monarque Hassan II, père de l'actuel roi. Début 2012, il a publié, avec Catherine Graciet cette fois, un livre accusateur contre Mohammed VI, "Le roi prédateur". L'édition du journal espagnol El Pais avait été interdite sur le territoire marocain le jour où le quotidien avait publié les bonnes feuilles du livre. Après le rendez-vous du 23 juillet, le Maroc a porté plainte et une enquête a été diligentée par le parquet de Paris, qui a ouvert mercredi une information judiciaire pour "tentative de chantage" et "tentative d'extorsion de fonds". Dans ce cadre, des réunions ont été organisées, "des rencontres filmées, enregistrées, entre le représentant du roi" et les journalistes, selon Me Dupond-Moretti. "C'est précisément l'avocat mandaté par le roi qui piège les journalistes par des enregistrements sauvages", a affirmé de son côté le conseil de Catherine Graciet, jugeant qu'"il y a dans cette affaire une logique de stratagème". Selon l'avocat du Maroc, au cours de ces réunions, les journalistes auraient accepté de transiger à deux millions d'euros et sont sortis du dernier rendez-vous, jeudi", avec "un acompte substantiel de 40.000 euros chacun". Me Dupond-Moretti a évoqué l'existence d'un "contrat signé" par les deux journalistes. Sur cette lettre manuscrite, dévoilée par BFM, ils écrivent notamment qu'ils "n'écriront plus rien sur le royaume du Maroc". En contrepartie, "nous confirmons avoir reçu à ce jour une avance de 80.000 euros", ajoutent-ils. Mais pour l'avocat de Catherine Graciet, "l'instruction devra déterminer le rôle de chacun".

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