Entre sons endiablés des fanfares et cérémonies solennelles, La Nouvelle-Orléans marque samedi le dixième anniversaire de l'ouragan Katrina, se souvenant des disparus et célébrant la renaissance de la ville de Louisiane.
"Contre vents et marées, --nous avons subi les deux--, La Nouvelle-Orléans fait son retour () Et nous revenons plus forts", a proclamé cette semaine le maire de la ville, Mitch Landrieu.
A 08H29 du matin (13H29 GMT), l'heure où la première digue a cédé, les autorités déposeront des couronnes de fleurs dans le quartier du Lower Ninth Ward, l'un des plus pauvres de la ville, majoritairement noir, et le plus durement frappé par les inondations. Une fanfare y mènera plus tard une "fête de la résilience", d'autres concerts étant prévus partout dans la ville.
L'ancien président Bill Clinton doit prononcer un discours samedi soir.
Lorsque l'ouragan de catégorie 5 Katrina a frappé la côte sud des Etats-Unis le 29 août 2005, La Nouvelle-Orléans, en partie construite sous le niveau de la mer, a sombré. Sous la pression de la montée des eaux, des dizaines de digues mal entretenues ont cédé, laissant passer des flots boueux qui ont inondé 80% de La Nouvelle-Orléans.
L'eau est montée si vite que des habitants sont morts noyés. Des centaines d'autres se sont réfugiés sur leurs toits, isolés par les flots.
Les rares endroits restés au sec ont sombré dans le chaos, des dizaines de milliers de personnes désespérées attendant pendant plusieurs jours des vivres et de l'eau.
Au total, plus de 1.800 personnes sont mortes, la plupart dans cette ville, et un million d'habitants ont dû quitter leurs maisons. La facture totale a dépassé les 150 milliards de dollars.
"Tous ceux d'entre nous en âge de nous en souvenir n'oublierons jamais les images de nos concitoyens dans une mer de misère et de ruines", a déclaré l'ancien président George W. Bush en visitant une école de La Nouvelle-Orléans vendredi.
Vivement critiqué à l'époque pour sa gestion de la crise, il a confié avoir été touché par la détermination de la ville à se reconstruire, avec "un esprit encore plus fort qu'avant l'ouragan".
- 'Le jazz y fait pleurer' -
Des maisons colorées sur pilotis se dressent çà et là aujourd'hui à la place des carcasses pourries rongées par les eaux stagnantes des inondations.
La musique et les odeurs de plats cajuns flottent à nouveau dans les rues bouillonnantes du Quartier Français.
L'industrie du tourisme explose, avec neuf millions de visiteurs l'an passé. La criminalité baisse, jusqu'à atteindre le plus bas taux d'homicides en 43 ans en 2014. Des start-ups s'installent dans la ville, où une réforme du système scolaire porte déjà ses fruits, avec plus de diplômés et un meilleur niveau.
Critiquant l'attitude de l'administration Bush, le président Barack Obama a salué la "résilience extraordinaire" de ceux qui sont revenus à La Nouvelle-Orléans pour réparer maisons et commerces détruits.
"Notre travail ne sera pas terminé tant que, dans cette ville, une famille moyenne noire gagnera moitié moins qu'une famille moyenne blanche", a-t-il toutefois souligné.
Depuis 300 ans, La Nouvelle-Orléans "est la porte d'entrée menant vers l'âme de l'Amérique", a déclaré M. Obama, rendant hommage à une cité "où le jazz fait pleurer, les enterrements font danser".
La saveur d'une ville autrefois plus afro-caribéenne et créole qu'américaine s'est pourtant en partie diluée dans la tempête, selon certains habitants.
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