La grand-messe annuelle des socialistes s'est ouverte vendredi à La Rochelle, pimentée par la sortie d'Emmanuel Macron sur les 35 heures, et la crise ouverte chez les écologistes après les départs de Jean-Vincent Placé et François de Rugy.
Grand absent du rendez-vous, le ministre de l'Economie a une nouvelle fois déclenché des réactions courroucées dans son camp en critiquant jeudi la mise en place des 35 heures. Penser que "la France pourrait aller mieux, en travaillant moins, c'était des fausses idées", a-t-il lâché devant le Medef.
"Le moins que l'on puisse dire est que cette phrase est une fausse bonne idée", a réagi le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.
Représentant de l'aile gauche, le député du Cher Yann Galut a été plus virulent. "La bataille de la réduction du temps de travail, c'est une bataille historique. Il a quelque part insulté Jaurès, Léon Blum, François Mitterrand, Lionel Jospin et Martine Aubry", a-t-il lancé sur France Info, accusant M. Macron de "renier toutes les valeurs de la gauche" et demandant une "clarification" à Manuel Valls.
La clarification, plutôt cinglante, ne s'est pas fait attendre: "pas de remise en cause des 35 heures, a assuré depuis Châlons-en-Champagne Manuel Valls qui s'en est pris à ces "petites phrases" qui font "du mal à la vie publique".
L'intéressé lui-même a fait machine arrière, assurant dans une déclaration transmise à l'AFP qu'il ne "parlai(t) pas des 35 heures" et que le travail demeure "le plus beau combat de la gauche".
Refusant d'alimenter la polémique, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a invité ses camarades à rester "calmes, sereins" et annoncé qu'il aurait une explication "franche" avec le locataire de Bercy en début de semaine prochaine.
Ces frictions interviennent alors que l'aile gauche du PS s'alarme des projets du gouvernement s'agissant du droit du travail, et de l'affectation des crédits du Pacte de responsabilité.
Dans une tribune publiée mardi dans les Echos, Manuel Valls a promis que "l'ampleur" du Pacte en faveur des entreprises "ne serait pas mise en cause".
La direction du PS avait pourtant adopté fin juillet un rapport dans lequel elle prônait, pour le budget 2016, une réorientation de l'aide en faveur des ménages.
- EELV: 'Aventures personnelles' -
La "fragmentation de la gauche", et la "droitisation de la droite", tel est justement l'un des thèmes sur lesquels Jean-Christophe Cambadélis souhaitait voir réfléchir ses camarades pendant le week-end.
La crise ouverte au sein d'EELV en a offert une éclatante illustration, s'invitant avec fracas dans les débats du PS.
Après François de Rugy, qui a claqué la porte d'EELV jeudi en dénonçant sa "dérive gauchiste", c'était au tour, vendredi matin, du président du groupe écologiste au Sénat Jean-Vincent Placé d'annoncer son départ du parti depuis La Rochelle.
Europe Écologie-Les Verts, "c'est un astre mort, une structure morte qui donne aujourd'hui une vision caricaturale et politicienne de l'écologie", a dénoncé M. Placé, qui était opposé, avec M. de Rugy, à la décision de Cécile Duflot de quitter le gouvernement lors de la nomination de Manuel Valls à Matignon en 2014.
Jeudi soir à La Rochelle, l'ancien radical s'était ostensiblement affiché en compagnie de responsables du PS dans un bar du vieux port.
Invitée par le PS à participer à un débat sur la COP 21 (la conférence onusienne visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre), la secrétaire nationale d'EELV Emmanuelle Cosse a vivement réagi à ces démissions.
"Aujourd'hui, il se passe quelque chose de difficile pour nous. C'est une lourde responsabilité pour EELV, c'est aussi une lourde responsabilité pour les parlementaires qui ont décidé de partir, qui ont décidé de s'engager dans des aventures personnelles à un moment où l'intérêt collectif aurait dû primer", a-t-elle déclaré à la presse, visiblement émue.
Le départ des deux parlementaires écologistes alimentaient en tout cas vendredi les spéculations sur un remaniement gouvernemental plus large que le simple remplacement "technique" du ministre du Travail François Rebsamen.
"Au départ, l'idée c'était d'attendre les régionales" de décembre. "Aujourd'hui, il y a une vraie réflexion (pour un remaniement plus large, NDLR)", a assuré vendredi à l'AFP un député PS ayant ses entrées au sommet de l'Etat.
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