La grand-messe annuelle des socialistes à La Rochelle s'ouvre vendredi, pimentée par la sortie d'Emmanuel Macron sur les 35 h, et avec en toile de fond les difficiles alliances aux régionales de décembre et la crise ouverte chez les écologistes après les départs de Jean-Vincent Placé et François de Rugy.
Avant même l'ouverture de l'université d'été, le ministre de l'Economie, grand absent du rendez-vous, a déclenché des réactions courroucées pour sa critique directe des 35 heures la veille au soir devant le Medef.
Penser que "la France pourrait aller mieux, en travaillant moins, c'était des fausses idées", a-t-il lâché devant le Medef. "Le moins que l'on puisse dire est que cette phrase est une fausse bonne idée", a réagi le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, sur France Info.
Représentant de l'aile gauche, le député du Cher Yann Galut a été plus virulent. "La bataille de la réduction du temps de travail, c'est une bataille historique. Il a quelque part insulté Jaurès, Léon Blum, François Mitterrand, Lionel Jospin et Martine Aubry", a-t-il lancé sur France Info, accusant M. Macron de "renier toutes les valeurs de la gauche" et demandant une "clarification" à Manuel Valls.
La clarification, plutôt cinglante, ne s'est pas faite attendre: "pas de remise en cause des 35 heures, a assuré depuis Châlons-en-Champagne le Premier ministre qui s'en est pris à ces "petites phrases" qui font "du mal à la vie publique". Le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis refuse, lui, de "répondre à la moindre provocation".
L'intéressé lui-même a fait machine arrière, assurant dans une déclaration transmise à l'AFP qu'il ne "parlai(t) pas des 35 heures" et que le Travail demeure "le plus beau combat de la gauche".
Mais sa sortie n'en devrait pas moins animer les débats à La Rochelle, de même que la recomposition en cours chez les Ecologistes.
Après François de Rugy, qui a claqué la porte d'EELV jeudi pour dénoncer sa "dérive gauchiste", c'était au tour, vendredi matin, du président du groupe écologiste au Sénat Jean-Vincent Placé d'annoncer son départ du parti sur Europe 1 depuis La Rochelle.
Europe Écologie-Les Verts, "c'est un astre mort, une structure morte qui donne aujourd'hui une vision caricaturale et politicienne de l'écologie", a dénoncé M. Placé, qui était opposé, avec M. de Rugyà la décision de Cécile Duflot de quitter le gouvernement lors de la nomination de Manuel Valls à Matignon en 2014.
La rentrée s'est donc brusquement accélérée alors que l'université d'été du PS accueille, sur le thème "agir en commun", une vingtaine de ministres et secrétaires d?État, une large partie de la direction du parti et près de 4.000 militants, pour trois jours de débats.
- Cap sur les régionales -
Sur le papier, trois axes importants: la conférence sur le climat de décembre, les élections régionales et la République.
Les travaux s'ouvriront vendredi après-midi avec plusieurs conférences plénières sur la COP 21 , dont l'une, intitulée "COP21: les partis s'engagent", avec la numéro un d'Europe Écologie-les Verts Emmanuelle Cosse, une autre ("COP21 : la société s'engage") avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Un sujet pas anodin, puisqu?au-delà de l'enjeu principal- parvenir à un accord avec 195 pays - se cache l'objectif de gagner le coeur de l'électorat écologiste, voire de reconquérir celui des socialistes, les régionales se déroulant au même moment (6 et 13 décembre).
Un scrutin qui s'annonce périlleux pour les socialistes qui ont subi des défaites lors de toutes les élections depuis 2012 (municipales, européennes, sénatoriales, départementales) et ont beaucoup à perdre (ils contrôlent toutes les régions métropolitaines, sauf l'Alsace).
En outre, les alliances avec les partenaires (radicaux et écologistes) s'avèrent compliquées, le parti écologiste se déchirant entre partisans de l'autonomie ou d'un rapprochement avec le Front de gauche et défenseurs de listes communes avec le PS. M. Placé a annoncé son départ d'EELV dans une interview donnée depuis La Rochelle.
Autre thème débattu: la "République", déclinée sous le triptyque "liberté", "égalité", "fraternité", avec plusieurs ministres, dont Bernard Cazeneuve (Intérieur), Christiane Taubira (Justice), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation).
Manuel Valls clôturera les travaux dimanche, après un premier passage jeudi lors d'une réunion d'élus socialistes et une autre des secrétaires nationaux (exécutif du parti).
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