Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a exhorté jeudi les entrepreneurs à prendre leur "responsabilité" dans la transformation de l'économie française, leur reprochant de tarder à investir, en clôture de l'université d'été du Medef.
Après avoir dépeint la situation économique française et mondiale, et énuméré les mesures déjà engagées par le gouvernement pour redresser la barre dans le pays, le jeune ministre a renvoyé les entrepreneurs, réunis sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines), à leurs propres responsabilités.
"Votre responsabilité, c'est de prendre votre part de ce mouvement de transformation de notre économie", a-t-il déclaré, après avoir rencontré dans la journée les Réformateurs du parti socialiste à Léognan, en Gironde.
"Ce n'est pas le gouvernement seul qui peut y répondre", a-t-il ajouté. "Je compte sur vous pour faire avancer le pays dans ses réformes", a-t-il insisté.
Faisant allusion à la fameuse phrase du Premier ministre Manuel Valls lors de la précédente université d'été du Medef, "J'aime l'entreprise", M. Macron a souligné après avoir rappelé les diverses mesures du gouvernement en faveur des entreprises: "Vous avez l'amour et vous avez les preuves d'amour".
Dès lors, "ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous", a-t-il exhorté. "Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour le pays".
Dans cette optique, le ministre a invité les entreprises à ne plus tarder à investir.
"Je vous le dis avec toute la force de conviction dont je suis capable et qui m'est possible: investissez maintenant, prenez des risques maintenant", a-t-il plaidé.
"Ce n'est pas uniquement la faute du personnel politique si les entreprises n'ont pas assez investi ces dernières années", a-t-il souligné.
Il faisait ces déclarations alors que selon des chiffres de l'Insee publiés dans la matinée, les anticipations d'investissements pour 2015 des chefs d'entreprise dans l'industrie, interrogés en juillet, ont baissé par rapport à avril.
- "Le cynisme est interdit" -
"Ce n'est pas la faute des politiques si le cynisme a gagné toute une partie de l?élite économique de notre pays", a encore reproché M. Macron, affirmant que les entreprises ne se souvenaient de leur pays que quand les vents contraires se levaient. "Le cynisme est interdit", a-t-il ajouté.
Pour autant, le ministre, maintes fois applaudi lors de son discours, s'est aussi voulu conciliant vis-à-vis des patrons: "Je sais que vous êtes à la bataille, nous sommes à la bataille".
Il a répété que la responsabilité du gouvernement était de "fixer le cap, de le tenir et d'aller jusqu'au bout" répondant en creux aux injonctions du président du Medef, Pierre Gattaz, qui avait la veille pressé le gouvernement d'accélérer les réformes et d'agir avec courage.
Sur plusieurs points, il a donné raison au Medef, reconnaissant qu'il n'était "plus possible" de vivre avec une dépense publique équivalant à 57% du Produit intérieur brut - un argument régulièrement brandi par le patron des patrons - ou que de "fausses idées" avaient été répandues, comme celle selon laquelle "la France pourrait aller mieux en travaillant moins".
Sur la réforme du droit du travail, instamment réclamée par le patronat, il a estimé que la loi ne pouvait "plus définir tout aujourd'hui", tout en ajoutant que la réussite passerait par "une sécurisation des salaires et une régulation au bon niveau".
M. Macron a par ailleurs annoncé qu'il ferait prochainement des propositions au Premier ministre Manuel Valls pour revenir sur la proposition de plafonnement des indemnités de licenciement aux prud'hommes, partiellement censurée par le Conseil constitutionnel.
Sur le pacte de responsabilité - 41 milliards d'aides aux entreprises et de baisses fiscales entre 2014 et 2017 - le ministre a répété qu'il serait "pleinement déployé", "avec l'ampleur prévue". Mais "on peut aller encore plus loin", a-t-il dit, ajoutant: "Votre responsabilité, c'est justement de signer ces accords de branche" prévus en contrepartie.
"Vous pouvez compter sur le Medef", lui a répondu M. Gattaz en guise de clôture de l'université, ajoutant: "Ensemble nous prendrons nos responsabilités".
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