L'annonce de la découverte d'un "train d?or nazi" ? loin d'être confirmée, mais prise au sérieux par les autorités ? a provoqué l'effervescence chez les chasseurs de trésors polonais, au point que le gouvernement a jugé nécessaire de les avertir que la trouvaille pourrait être minée.
"Dans le train caché, dont je suis convaincu qu'il existe, peuvent se trouver des matières dangereuses du temps de la Seconde guerre mondiale. Il est très probable que le train soit miné", a déclaré le conservateur général des monuments, Piotr Zuchowski, dans un communiqué du ministère de la Culture et du Patrimoine.
Mais il ne cite aucune preuve matérielle de l'existence de ce convoi légendaire qui aurait quitté Wroclaw (qui s'appelait alors Breslau) dans les derniers jours de la Seconde guerre mondiale, avant de disparaître mystérieusement près de la ville de Walbrzych (Waldenburg).
"A la suite de la publication d'informations sur la découverte d'un +train d'or+ dans la région de Walbrzych, on observe une activité accrue des chasseurs de trésors. J'appelle à cesser toutes les recherches jusqu'à l'aboutissement de la procédure officielle visant à sécuriser cette trouvaille", a-t-il ajouté.
Les autorités de Walbrzych, qui ont donné une conférence de presse mercredi, sont restées elles aussi avares en informations, affirmant toutefois que "la trouvaille" se situait sur le territoire de leur commune.
Jaroslaw Chmielewski, le conseiller juridique des découvreurs, un Polonais et un Allemand qui souhaitent rester anonymes, a indiqué qu'ils avaient informé officiellement les autorités régionales et centrales et "décrit les paramètres de leur trouvaille", censée être une rame blindée longue de 120 à 150 mètres.
- Canons et métaux précieux -
Mais, selon Joanna Lamparska, auteure de plusieurs livres sur les énigmes historiques de la Basse-Silésie, bien au courant des recherches - les deux hommes n'ont pas précisé la longueur supposée du convoi dans leur déclaration aux autorités. En revanche, a-t-elle dit à l'AFP, ils ont bien affirmé qu'il s'agissait d'un train blindé, que celui-ci transportait des canons automoteurs et que son chargement comprenait "des métaux précieux, des objets de valeur et des matériels industriels".
Les récits sur deux trains spéciaux nazis, disparus au printemps de 1945, excitent depuis des années l'imagination de nombreux chasseurs de trésors. Ils s'appuient sur l'existence d'importantes constructions souterraines allemandes, y compris celles autour de l'immense château de Ksiaz (Fürstenstein), proche de Walbrzych. Les nazis y avaient mené d'importants travaux pour y installer un des Q.G. d'Hitler, creusant des tunnels, un puits d'ascenseur de 50 mètres et des abris souterrains, dont une partie seulement est aujourd'hui accessible au public. La partie la plus profonde abrite des sismographes du Centre de recherches spatiales de l'Académie polonaise des sciences.
Certains témoignages ont fait croire à l'existence d'une bretelle ferroviaire souterraine d'environ deux kilomètres, dont l'entrée aurait été démontée, voire dynamitée, au moment de la capitulation de l'Allemagne nazie. Mais la réalité de cette réalisation, techniquement possible, n'a jamais trouvé de confirmation valide.
Joanna Lamparska reste sceptique sur les révélations qui font les délices des médias polonais, et croit à un "emballement médiatique" dû à l'internet.
"De telles annonces se comptent par dizaines depuis des années, celle-ci a juste reçu plus de publicité", dit-elle.
"Les Allemands consignaient soigneusement tout ce qu'ils faisaient dans des documents, y compris leurs crimes. On n'en a trouvé aucun sur ce train", poursuit-elle.
Le président de la société du château de Ksiaz, Krzysztof Urbanski, quoique ravi de l'intérêt soudain pour son établissement, et de l'afflux potentiel de journalistes et de touristes, reste lui aussi prudent.
"Je voudrais beaucoup que ce soit vrai. Mais, dit-il, d'après ce que je sais, je ne peux ni confirmer ni démentir".
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