Un optimisme de rigueur malgré quelques bémols: le climat des affaires en France a atteint au mois d'août son plus haut niveau depuis l'été 2011, un bon signe pour la croissance économique en 2015, selon Bercy et des économistes.
D'après les données publiées jeudi par l'Insee, la confiance des chefs d'entreprise s'est globalement améliorée, atteignant tous secteurs confondus son plus haut niveau depuis quatre ans, à 100 points c'est-à-dire sa moyenne de long terme.
Le moral des industriels, un indicateur très suivi, a pour sa part progressé d'un point et s'installe durablement au-dessus de sa moyenne.
Davantage d'industriels interrogés en août, selon l'Insee, trouvent que "les perspectives générales de production du secteur dans son ensemble s'améliorent" et signalent que les carnets de commande se regarnissent.
Ces indicateurs, jugés très encourageants après un deuxième trimestre décevant (stagnation de l'activité), sont toutefois nuancés par une révision à la baisse des anticipations d'investissements industriels pour l'année 2015.
Interrogés en juillet, les chefs d'entreprises de ce secteur, le plus fiable pour mesurer les fluctuations de l'investissement, anticipent une augmentation de seulement 2% de leur investissement par rapport à 2014. Un chiffre bien en-deça de celui qu'ils projetaient au mois d'avril (+7%).
"Ca décline mais on part d'un niveau plutôt élevé", tempère Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas, pour qui le chiffre du printemps reflétait un certain excès d'optimisme. "Je ne pense pas que ce soit alarmant, ce qu'il faut, c'est que la confiance soit là", explique-t-il à l'AFP en référence à la bonne tenue du climat des affaires.
De fait, le ministre des Finances Michel Sapin s'est immédiatement félicité jeudi, voyant dans ces enquêtes la preuve que "la reprise se diffuse dans l'économie". "La stabilité de l'activité au 2e trimestre a été clairement temporaire, après un premier trimestre exceptionnellement fort", a-t-il déclaré à l'AFP.
- "Incertitude" sur l'investissement -
L'Insee "conforte notre prévision de croissance de 1% en 2015, avec des créations d'emplois qui redémarrent progressivement", a détaillé M. Sapin.
Ces enquêtes de conjoncture, réalisées auprès de 4.000 entreprises industrielles, sont considérées comme de très bons indicateurs de l'activité économique et donc de la croissance sur un trimestre. Une note du Trésor publiée cette semaine évalue cette corrélation à 90%.
Ils sont donc a priori de bon augure pour le troisième trimestre, même si la plupart des décisions d'investissements ne se prennent dans les entreprises qu'en septembre-octobre, pour l'année suivante.
"On est clairement dans un rebond mais il n'y aura vraiment de reprise que si l'investissement et l'emploi reprennent, ce qui devrait être le cas au 2e semestre", rappelle Eric Heyer économiste l'Observatoire français des conjonctures économiques.
Pour lui, "ça conforte le schéma +rebond au premier semestre+ et +reprise au second semestre+".
"On a eu en début d'année une reprise de la consommation, on attendait un relais par les exportations et l'investissement, or le relais par les exportations on l'a eu au deuxième trimestre", pas encore celui de l'investissement, analyse M. Barbet, pour qui cela reste "une incertitude".
D'autant que, explique-t-il, les enquêtes de l'Insee ont été réalisées avant la débâcle des marchés lundi, provoquée par la crise économique et boursière en Chine. Ces données "n'intègrent pas l'effondrement récent du marché asiatique, et le mois de septembre devrait être plus faible", estime-t-il.
Mais il invite toutefois à ne pas "dramatiser" l'effet de la crise chinoise sur l'économie française comme a pu le faire mercredi Pierre Gattaz, le président du Medef, principale organisation patronale. Selon lui en effet les chefs d'entreprises sont "inquiets" et "les nuages s'accumulent" sur la reprise.
Après une croissance de 0,7% du Produit intérieur brut observée au premier trimestre, l'Insee a estimé le 14 août que l'activité économique française avait stagné au deuxième. Malgré ce coup d'arrêt, l'acquis de croissance reste néanmoins de 0,8% pour 2015, soit la croissance moyenne annuelle si les deux prochains trimestres enregistrent également une croissance nulle.
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