Une réponse au massacre de Charleston ? En abattant froidement deux de ses confrères journalistes en plein direct avant de se donner la mort, Vester Lee Flanagan, décrit comme violent, a expliqué répondre oeil pour oeil au racisme, fil d'ariane d'un parcours accidenté.
"Ce qui m'a fait craquer c'est la tuerie dans l'église", a écrit celui qui travaillait comme journaliste sous le nom de Bryce Williams, en référence à la fusillade survenue en juin dans une église de la communauté noire de Charleston (Caroline du Sud). Neuf paroissiens noirs avaient alors été abattus par Dylann Roof, un partisan de la suprématie blanche.
"En ce qui concerne Dylann Roof? () Tu veux une guerre raciale? Allons-y", a écrit dans un manifeste faxé à la chaîne ABC News celui qui a abattu mercredi matin la reporter Alison Parker et le caméraman Adam Ward, de la chaîne de télévision locale WDBJ7.
Peu après avoir tué ses anciens collègues lors d'une scène qu'il a lui-même filmée et dont il a posté les vidéos sur les réseaux sociaux, @bryce_williams7 a encore, dans une série de tweets, expliqué son geste par le fait qu'"Alison a fait des commentaires racistes" et s'est indigné du fait qu'elle ait été "embauchée malgré ça".
Né en 1973 et diplômé de l'Université d'Etat de San Francisco en 1995 après avoir grandi à Oakland, en Californie, il dit avoir pendant toute sa carrière avoir souffert de sa condition d'homme noir et homosexuel.
L'auteur du manifeste explique par exemple avoir "souffert de discrimination, de harcèlement sexuel et de bizutage au travail". "Il dit avoir été attaqué par des hommes noirs et par des femmes blanches () pour le fait qu'il était noir et homosexuel", résume ABC News.
- "Poudrière humaine" -
Bryce Williams avait d'ailleurs poursuivi en justice ses deux victimes de mercredi pour discrimination raciale, des accusations balayées par Jeffrey Marks, directeur général de WDBJ7.
Ce dernier, qui qualifie M. Williams d'"homme malheureux", affirme l'avoir viré "après de nombreux incidents liés à sa violence".
Il avait rejoint la chaîne en mars 2012 et l'avait quittée manu militari en février 2013, raccompagné à la porte par la police.
Durant son court passage chez WDBJ7, il s'est forgé une réputation à double tranchant: d'une part celle d'un "perturbateur" avec lequel "il est difficile de travailler", de l'autre celle d'un reporter "qui avait du talent et de l'expérience", se souvient M. Marks.
Cela malgré un parcours professionnel haché, marqué par les allers-retours entre le journalisme et divers emplois. Avant d'être embauché par WDBJ7, il avait par exemple passé huit années sans faire de journalisme.
Entre 1993 et 1995, il est passé par la chaîne KPIX, branche locale de CBS News à San Francisco.
Sur son profil du réseau professionnel Linkedin, où il est inscrit sous le nom de Bryce Williams, il explique avoir travaillé pour plusieurs chaînes de télévision à travers les Etats-Unis depuis le milieu des années 1990, mais aussi dans les domaines du marketing ou de la relation clients.
Entre 2000 et 2002, par exemple, il était employé aux services clients de Bank of America et de la Pacific Gas and Electric Company.
C'était juste après avoir été renvoyé de la chaîne WTWC, affiliée à NBC, où il était reporter entre 1999 et 2000, pour son "comportement bizarre". "C'était un bon présentateur, un plutôt bon reporter. Et puis les choses ont commencé à devenir un peu étranges", se souvient Don Shafer, qui l'avait recruté à l'époque.
En quittant la chaîne, Bryce Williams avait, déjà à l'époque, poursuivi WTWC en justice pour discrimination, affirmant notamment avoir été traité de "singe".
Dans son manifeste, celui qui se décrivait sur les réseaux sociaux comme un témoin de jehovah, résume: "La fusillade dans l'église a été le point de basculement mais ma colère s'est construite sur la durée. Je suis une poudrière humaine depuis un bon moment. Juste en attente d'un BOUM".
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