Le président du Medef, Pierre Gattaz, a appelé mercredi le gouvernement à "agir" rapidement pour réformer la France à l'ouverture de la traditionnelle université d'été de l'organisation patronale, consacrée cette année au thème de la jeunesse.
"Est venu aujourd'hui le temps de l'action et c'est ça que je demande à nos élus, à ceux qui nous gouvernent", a clamé M. Gattaz devant un parterre d'hommes d'affaires, de personnalités de la société civile ou encore d'experts réunis sur le campus d'HEC à Jouy-en-Josas (Yvelines).
S'exprimant librement sur une estrade, sans discours ni pupitre, le patron des patrons a estimé qu'il fallait "aller beaucoup plus vite" en termes de réformes structurelles, soulignant que la France était "en période d'accalmie" mais que des nuages s'accumulaient du côté de l'Asie, faisant planer une menace pour la croissance française.
"Nous avons une croissance possible de 1%", a-t-il dit, rappelant par ailleurs que le taux de chômage était à 10,3% de la population active, celui des jeunes à 25% et que la France avait des déficits commerciaux et budgétaires contre lesquels il fallait agir.
"Il est urgent () de colmater très vite les brèches du bateau France", a-t-il affirmé, estimant qu'il restait de "six à neuf mois pour le faire".
Il a exposé sa méthode pour y parvenir, "la méthode des 5 V": Vision, Vérité, Valeurs, Volonté et Victoire finale.
Détaillant chaque point, M. Gattaz a une nouvelle fois sommé le gouvernement de réduire la dépense publique, "la mère de toutes les batailles", afin notamment de réduire la pression fiscale pesant sur les ménages et les entreprises, et insisté sur la nécessité de réformer le Code du Travail.
Un peu plus tard, lors d'une conférence de presse, M. Gattaz a appelé le gouvernement à prendre des décisions sur ce dernier sujet "d'ici à Noël".
"Le gouvernement qui règlera ce problème rentrera dans l'Histoire", a-t-il assuré, se disant une nouvelle fois en faveur d'"accords d'entreprise prioritaires" sur des accords de branche ou des accords nationaux.
Sur ses préférences pour le futur ministre du Travail qui doit être nommé pour succéder à François Rebsamen, démissionnaire après avoir retrouvé le fauteuil de maire de Dijon, le patron du Medef a répété y voir plutôt quelqu'un qui "connaisse l'entreprise, l'économie de marché et la mondialisation".
Interrogé pour savoir si le ministre de l?Économie Emmanuel Macron pouvait correspondre à ce profil, M. Gattaz a répondu en souriant: "Pourquoi pas? Mais ce n'est pas forcément une obligation".
- 'Les Trente audacieuses' -
S'adressant aux jeunes lors de son discours d'ouverture, M. Gattaz a estimé qu'après les "Trente glorieuses" et "les Trente piteuses" qui ont suivi, il fallait "aujourd'hui construire les Trente audacieuses".
Alors que le Medef a choisi cette année le slogan "Formidable jeunesse" pour son rendez-vous estival, un jeune entrepreneur, Benjamin Suchar, membre fondateur des Moineaux (mouvement dédié à la parole des jeunes entrepreneurs) et co-fondateur de la start-up Yoopies.fr, a toutefois fustigé mercredi la démarche de l'organisation patronale, estimant qu'elle ne représentait pas les jeunes entrepreneurs.
"Nous nous sentons ainsi aujourd?hui davantage représentés par Xavier Niel que par Pierre Gattaz. Quelle autre grande figure que le créateur de Free finance autant de start-ups ? Crée des écoles ? S'engage pour la jeunesse?" a-t-il déclaré, cité dans un communiqué.
S'exprimant avant M. Gattaz, la reine Rania de Jordanie, invitée d'honneur de l'université d'été, a aussi plaidé en faveur de la jeunesse pour éviter que le Moyen-Orient ne soit "dévasté" par l'organisation État islamique.
"Daech, le prétendu État Islamique, continue de répandre son idéologie diabolique", a-t-elle déploré dans son discours. Or, "les musulmans modérés à travers le monde ne font pas assez pour gagner la lutte idéologique qui est au c?ur de cette bataille" a-t-elle dit, applaudie aussitôt par l'assemblée. "Évidemment, nous n'aidons pas activement Daech, mais nous ne les stoppons pas", a-t-elle ajouté.
Selon la souveraine, il est nécessaire de développer "100 millions d'emplois d'ici 2020" dans la région afin d'éviter un basculement de la jeunesse.
"L'échec n'est pas une option parce que si nous échouons face à ces extrémistes et s'ils gagnent, la région sera dévastée rapidement", a-t-elle conclu.
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