Le nouveau propriétaire - qui devrait officiellement racheter le terrain au promoteur Immochan le 2 septembre, pour un montant estimé à 190 000€ - accueille sur une ferme qui n'est pas encore façonnée à son image. "Je vais commencer à planter à l'automne, c'est la bonne période." Maraîchage bio en permaculture et point de vente de produits locaux, tels sont les deux grands axes du projet de Baptiste Mégard. Pour être prêt à temps, le jeune homme continue sa formation : "Je suis un parcours d'installation agricole à la chambre d'agriculture de Bois-Guillaume. Je suis aussi du conseil en maraîchage, que je veux développer ici."
Si Baptiste Mégard et ses deux frères montrent de l'enthousiasme, des vents contraires commencent à souffler. Jusqu'alors, tout semblait s'être bien enchaîné. Début juillet, ils signent discrètement un compromis de vente avec Immochan (filiale immobilière du groupe Auchan). À la mi-août, la Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural donne sa préférence pour le projet contre celui des occupants des Bouillons. Les 19 et 23 août, les forces de l'ordre mettent fin à l'aventure des Bouillons en procédant à une évacuation en deux temps de leur campement.
Les élus font entendre leurs voix
Mais depuis, les obstacles s'accumulent. En plus de la gauche radicale, d'autres voix se sont mêlées au concert de reproches. La mairie de Mont-Saint-Aignan, qui, par la voix de son premier adjoint Bertrand Bellanger, se satisfait que la "ferme soit sauvée avec un projet d'agriculture biologique", a demandé à la SAFER que "toute la lumière soit faite et qu'elle justifie son choix auprès des Bouillons."
La Région, elle aussi, a haussé le ton, selon Matthieu, du collectif des Bouillons : "Son vice-président Claude Taleb a demandé la réunion d'un conseil d'administration exceptionnel de la SAFER pour mettre en lumière le fonctionnement de cette dernière." Pour l'heure, la société se terre dans le silence (lire par ailleurs). Un mutisme que Matthieu interprète radicalement : "La SAFER a conseillé Immochan pour construire son dossier. Les Mégard sont les hommes de paille d'Immochan." Pendant ce temps, les Mégard tentent de calmer le jeu après avoir parfois soufflé sur les braises. Ils ne s'opposent pas à une troisième venue des ex-occupants pour récupérer leur matériel agricole. Mieux, ils promettent que "tout ce qui a été laissé sur place (vêtements, légumes, fruits...) sera donné à différentes associations." Pas sûr que ce dernier élan de générosité ne suffise à éteindre le feu.
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