Plusieurs pays européens vont discuter samedi à Paris de mesures "concrètes" pour renforcer la sécurité après l'attaque contre le Thalys Amsterdam-Paris, dont l'auteur, un jihadiste présumé, a été inculpé pour tentatives d'assassinats en lien avec une entreprise terroriste.
Des ministres de l'Intérieur et des Transports de neuf pays européens reliés par des liaisons ferroviaires - France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse - se retrouveront pour réfléchir aux moyens de "mieux identifier ceux qui prennent les transports en commun", a annoncé mercredi le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
"Il faut regarder si l'on peut mettre en place un dispositif qui permette de contrôler dans les aéroports, dans les moyens de transport, plus systématiquement, de façon plus coordonnée ceux qui les empruntent".
Repéré en Espagne pour ses discours jihadistes, le Marocain Ayoub El Khazzani figurait également dans un fichier français de signalement des individus radicaux. Mais, vendredi à Bruxelles, il avait pu sans encombres s'acheter en liquide un billet pour le Thalys, où, lourdement armé, il a ouvert le feu avant d'être maîtrisé par des passagers.
Le jeune homme, âgé de 25 ans, a été inculpé dans la nuit de mardi à mercredi par la justice française qui a retenu le mobile terroriste, jugeant que son "projet" apparaissait "ciblé et prémédité".
Le procureur de Paris François Molins a balayé comme "fantaisistes" les dénégations du suspect, qui a affirmé avoir trouvé fortuitement les armes dans un parc de Bruxelles où il dormait et avoir voulu rançonner les voyageurs du train.
A charge, le procureur a souligné que l'assaillant avait consulté un site de prêches islamistes juste avant l'attaque, qu'il était surarmé (un fusil d'assaut, 270 munitions, un pistolet Luger, un cutter, une bouteille de 50 cl d'essence) et qu'il venait d'activer une nouvelle ligne téléphonique - technique connue pour éviter les repérages.
La suite de l'enquête devra s'attacher à déterminer "la provenance des armes", le "parcours" de l'assaillant, ainsi que "les complicités dont il a bénéficié", a souligné M. Molins.
La police belge a mené lundi soir deux perquisitions à Bruxelles, dans le quartier populaire de Molenbeek-Saint-Jean, pour tenter de déterminer les "lieux de séjour" d'Ayoub El Khazzani, selon le parquet fédéral.
Mardi matin, sa soeur, qui habite à Bruxelles depuis plusieurs années, s'est présentée à la police belge, où elle a été interrogée avant de ressortir libre.
- Omission -
L'avocat du jeune homme s'est quant à lui élevé mercredi contre le traitement subi par son client, après la diffusion d'images de son arrivée la veille pieds nus, les yeux masqués et menottés dans le dos au Palais de justice de Paris.
"Je trouve cela scandaleux et honteux. Quelle que soit la nature des faits qui lui sont reprochés, on ne doit pas tomber dans un traitement inhumain et dégradant", a déclaré à l'AFP Me Mani Ayadi.
Selon le parquet, Ayoub El Khazzani s'était vu proposer des chaussures mais avait refusé de les porter.
Né à Tetouan, au Maroc, arrivé en Espagne en 2007, vers 18 ans, et installé à Algesiras (sud) où vit son père, le suspect avait été signalé pour ses discours radicaux dans des mosquées et avait été condamné à deux reprises en 2010 pour trafic de drogue.
Début 2014, les services espagnols de renseignement signalent à leurs homologues français son intention de franchir la frontière. L'opérateur de téléphonie mobile Lycamobile a confirmé que le Marocain a travaillé de février à avril 2014, avant une rupture, car ses papiers "ne lui permettaient pas de travailler en France".
Un an plus tard, le 10 mai 2015, El Khazzani est repéré à Berlin d'où il s'envole pour la Turquie. Est-il ensuite allé en Syrie, où des zones sont contrôlées par l'organisation État islamique? Il regagne en tout cas l'Europe le 4 juin, par un vol d'Antakya, proche de la frontière syrienne, vers l'Albanie.
S'il omet de mentionner ce voyage, il a raconté s'être déplacé au cours des six derniers mois en Belgique, Allemagne, Autriche, France et en Andorre.
S'il n'avait pas été désarmé, Ayoub El Khazzani aurait pu faire un "carnage", ont souligné les autorités françaises. Le président François Hollande a remis en personne lundi la Légion d'honneur, plus haute distinction du pays, à trois Américains et un Britannique en vacances. Quatre autres personnes doivent la recevoir ultérieurement, dont un Franco-Américain blessé par balles.
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