Wall Street n'a pas suivi mardi l'exemple des marchés financiers européens et a terminé en baisse en dépit des mesures de relance annoncées par les autorités chinoises.
L'indice vedette Dow Jones Industrial Average, en hausse jusqu'à vingt minutes avant la clôture, a finalement abandonné 1,29% au lendemain de sa pire séance en quatre ans. Le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 0,44% et l'indice élargi S&P 500 1,35%.
Cette clôture en berne à Wall Street tranche avec l'optimisme affiché en Europe après la décision de la Banque centrale chinoise d'abaisser d'un quart de point de pourcentage, à 4,60%, le taux d'emprunt à un an qui sert de référence, ainsi que les réserves obligatoires des banques, autorisées à prêter davantage.
Cette dernière mesure équivaut à une injection massive de liquidités dans une économie dont la santé est cruciale aussi bien pour les constructeurs automobiles allemands et américains que les producteurs de minerai de fer australiens ou les fabricants français de lait en poudre.
Pour sa part, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a affirmé qu'il n'y avait aucune raison de faire baisser davantage le yuan, selon les médias officiels, alors que les dernières dévaluations avaient semé le trouble sur les marchés.
Les places boursières européennes ont bien réagi à ces annonces même si Shanghai a clôturé en baisse de 7,63% mardi, tandis que Tokyo a terminé la journée sur une baisse de près de 4%.
La Bourse de Paris a fini en forte hausse de 4,14%, Londres de 3,09%, Madrid de 3,68%, Francfort de 4,97% et Milan de près de 6%, tandis que l'Eurostoxx 50 a grimpé de 4,69%.
De son côté, l'euro effaçait une partie des gains enregistrés la veille après avoir fait office de valeur refuge, s'établissant à 1,1512 dollar mardi vers 20H30 GMT, contre 1,1606 dollar lundi vers 21H00 GMT.
"Les nerfs sont à vif après ce qui s'est passé hier" (lundi), a souligné Bill Lynch, chez Hinsdale Associates.
"Il est toujours possible que la Réserve fédérale (américaine) rehausse ses taux (d'intérêt) en septembre", ce qui retirerait à l'économie américaine la béquille que représentent des taux proches de zéro en vigueur depuis la fin 2008, a-t-il rappelé.
"Je ne crois pas que cela enverrait un bon signal, vu la volatilité que l'on voit dans le monde", a-t-il ajouté.
- La Chine, un risque -
Les analystes prennent au sérieux le ralentissement économique en Chine, mais relativisent l'impact sur la reprise aux Etats-Unis et en Europe.
"Un ralentissement marqué de la Chine n'est pas du tout anodin ni potentiellement catastrophique", puisque cela n'amputerait, par le biais des échanges commerciaux, que de 0,4 point de pourcentage la croissance des PIB américain et européen, souligne Gilles Moec, chef économiste chez Bank of America-Merrill Lynch.
Le tableau économique ne cesse pourtant de s'assombrir en Chine, au fil d'indicateurs décevants.
La dévaluation soudaine du yuan il y a deux semaines - largement perçue comme un effort de Pékin pour doper la compétitivité de ses exportations - a renforcé la nervosité.
Un indice manufacturier de référence publié vendredi, tombé à son plus bas niveau en six ans en août, n'a rien fait pour calmer les esprits.
La grande question est désormais de savoir si les mesures prises par Pékin parviendront à restaurer la confiance.
"Le marché sent que la Chine va tout faire pour essayer de soutenir son économie mais le risque n'a évidemment pas disparu" et le ralentissement économique en Chine "est un problème de type structurel qui ne peut pas être corrigé par des mesures qui ne sont pas exceptionnelles dans leur ampleur", explique René Defossez, chez Natixis.
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