Ayoub El Khazzani, le jeune Marocain qui a ouvert le feu dans un train Thalys devait être mis en examen mardi par des juges antiterroristes, pour une attaque "préméditée" qui aurait pu déboucher sur un carnage.
A l'issue de quatre jours de garde à vue, le procureur de la République de Paris François Molins a estimé que les premières investigations avait permis d'établir que le "projet" du jeune assaillant de 25 ans "apparaît ciblé et prémédité".
Le procureur a balayé comme "fantaisistes" les dénégations du suspect, qui a affirmé avoir trouvé fortuitement les armes dans un parc de Bruxelles où il dormait avec d'autres SDF, et avoir voulu rançonner les voyageurs du Thalys Amsterdam-Paris. Le parquet a requis son maintien en détention.
El Khazzani, signalé pour islamisme radical par les services de renseignements d'Espagne, pays où il a vécu plusieurs années, avait été maîtrisé par des passagers alors qu'il sortait des toilettes du Thalys, armé d'une kalachnikov et de neuf chargeurs pleins -quelque 270 balles, de quoi commettre un carnage-, d'un pistolet Luger, d'un cutter et d'une bouteille de 50 cl d'essence.
La suite de l'enquête, sous l'autorité de juges d'instruction, devra s'attacher à déterminer "la provenance des armes", le "parcours" de l'assaillant, ainsi que "les complicités dont il a bénéficié", a souligné M. Molins.
Le jeune homme, qui a réglé en liquide les 149 euros de son billet Bruxelles-Paris en 1ère classe, avait refusé de prendre un train précédent. Une fois à bord, il a consulté une vidéo de prêches jihadistes sur son téléphone portable, activé le matin même, technique connue pour éviter tout repérage.
La police belge a mené lundi soir deux perquisitions à Bruxelles, dans le quartier populaire de Molenbeek-Saint-Jean, pour tenter de déterminer les "lieux de séjour" d'Ayoub El Khazzani, selon le parquet fédéral.
Selon des médias belges, ces perquisitions ont été menées "chez la soeur du suspect ainsi que chez un ami à lui, où il aurait résidé plusieurs jours".
- "Se préparer à d'autres assauts" -
Arrivé en Espagne en 2007, vers 18 ans, et installé à Algesiras (sud) où vit son père, le suspect avait été signalé pour ses discours radicaux dans des mosquées et avait également été condamné à deux reprises en 2010 pour trafic de drogue.
Début 2014, les services espagnols de renseignement signalent à leurs homologues français son intention de franchir la frontière. Un passage en France désormais attesté, puisque l'opérateur de téléphonie mobile Lycamobile a confirmé que le Marocain y a bien travaillé de février à avril 2014, avant une rupture, car ses papiers "ne lui permettaient pas de travailler en France". Lui dit avoir alors séjourné sept mois en France, à Aubervilliers.
Un an plus tard, le 10 mai 2015, El Khazzani est repéré à Berlin d'où il s'envole pour la Turquie. Est-il ensuite allé en Syrie, où des zones sont contrôlées par l'organisation État islamique (EI)? Il regagne en tout cas l'Europe le 4 juin dernier, par un vol de la Turquie vers l'Albanie.
Il a raconté à son avocate s'être déplacé au cours des six derniers mois en Belgique, Allemagne, Autriche, France et en Andorre.
Si le projet meurtrier d'El Khazzani a échoué, "nous devons nous préparer à d'autres assauts et donc nous protéger", a mis en garde mardi François Hollande.
La veille, le chef de l'Etat avait remis la Légion d'honneur à plusieurs passagers qui avaient empêché Ayoub El Khazzani d'agir. Parmi eux, un Américain, militaire en vacances, a été blessé au cutter, tandis qu'un autre passager, blessé par balle et hospitalisé à Lille, est toujours hospitalisé.
Déjà décoré de la Légion d'honneur, l'un d'eux, le soldat Spencer Stone va recevoir la plus haute distinction accordée à un membre de l'armée de l'air américaine, "pour un acte de courage hors combat".
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.