La crise des réfugiés s'invite lundi à une réunion consacrée au regain de violence en Ukraine, convoquée à Berlin par la chancelière allemande Angela Merkel, en présence des présidents français et ukrainien et en l'absence du président russe.
Dans un premier temps, Mme Merkel recevra à la chancellerie François Hollande à 15H00 GMT, et il devrait largement être question de la crise des réfugiés en Europe. Berlin et Paris réclament de l'UE des initiatives face à ce qui est désormais considéré comme le pire exode de populations depuis la Seconde guerre mondiale.
Une heure plus tard doit se joindre à eux Petro Porochenko, avant une brève conférence de presse à 16H45 GMT, suivie d'un dîner de travail.
L'objet officiel de cette rencontre est "la situation en Ukraine ainsi que la mise en application des mesures des accords de Minsk".
C'est la première fois depuis la signature en février de ces accords de paix dans la capitale du Bélarus, au terme de négociations marathon, que les dirigeants allemand, français et ukrainien se retrouvent ensemble. Mais cette fois-ci sans Vladimir Poutine, ce que Kiev veut présenter comme le fait que "la France et l'Allemagne sont dans le même bateau que nous", selon une source ukrainienne.
A Paris on réfute toute volonté d'une "quelconque bataille diplomatique contre la Russie".
Les accords de paix de Minsk 2 avaient permis d'instaurer une trêve plus ou moins respectée dans un conflit ayant tué 6.800 personnes en 16 mois, dont 1.500 depuis la signature de ces accords. Mais une nouvelle montée des tensions est apparue récemment dans l'est de l'Ukraine, Kiev et les séparatistes ayant annoncé lundi dernier la mort de 10 personnes, dont huit civils, tout en faisant état d'intenses bombardements.
Ce regain de violences a été condamné par l'Union européenne et l'ONU, tandis que Kiev et les Etats-Unis ont mis en cause la Russie, accusée de soutenir militairement les rebelles et d'avoir déployé ses troupes en Ukraine. Moscou, qui rejette toute implication militaire, a pour sa part accusé les Ukrainiens de préparer une offensive contre les séparatistes.
Lundi marque justement le jour de la fête de l'Indépendance de l'Ukraine, un anniversaire aux alentours duquel Petro Porochenko craint une "escalade d'envergure".
Face à ces tensions accrues, Berlin a exprimé son inquiétude. "Chaque tir intensifie l'escalade et rend la situation moins stable", a affirmé vendredi un porte-parole de la diplomatie allemande, qualifiant la situation de "extrêmement dangereuse".
- Nouvelle impulsion sur les réfugiés -
Mais l'entretien bilatéral entre Angela Merkel et François Hollande, précédant la rencontre avec Petro Porochenko, ne tournera pas qu'autour de l'Ukraine, le sujet des réfugiés s'étant imposé face à la crise migratoire dont l'Europe est actuellement le théâtre.
Les garde-côtes italiens ont ainsi coordonné le sauvetage de 4.400 migrants en mer Méditerranée pour la seule journée de samedi, des milliers de migrants traversaient dimanche la Macédoine et la Serbie en direction de l'Europe occidentale, les autorités grecques se montrent complètement débordées par l'afflux de réfugiés syriens sur l'île touristique de Kos.
En Allemagne, un nombre record de 800.000 demandes d'asile est attendu pour cette année, laissant le pays peinant à assurer l'accueil de tous, alors que parallèlement des actes de violence, généralement imputés à l'extrême-droite, se font de plus en plus fréquents.
"Il faut redonner des impulsions pour que ce qui a été décidé (par l'Union européenne fin juin sur les migrants) soit mis en oeuvre et ouvrir éventuellement de nouvelles perspectives", souligne-t-on à Paris.
"La situation ne se règle pas" et les décisions prises par l'UE ne sont "pas suffisantes, pas assez rapides et pas à la hauteur" dans leur mise en oeuvre, ajoute-t-on de même source, précisant toutefois qu'aucun "nouveau papier" ne devrait sortir dès lundi de cette rencontre.
Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, voyant dans cette arrivée sans précédent de migrants "le plus grand défi de l'Allemagne depuis la Réunification" du pays, s'est montré dimanche virulent à l'encontre du manque de réaction des pays européens.
"L'Europe est d'une certaine façon dans un sommeil profond et reste en +mode vacances+", a-t-il déclaré à la télévision publique allemande, considérant comme une "énorme honte" le fait que "la majorité des Etats membres disent: +cela ne nous concerne en rien+".
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