L'attaque du Thalys Amsterdam-Paris vendredi par un Marocain lourdement armé a provoqué des réactions très diverses chez les passagers : passage à l'action pour quelques-uns, fuite pour d'autres, terreur sans possibilité d'agir pour la plupart. Le regard de psychiatres interrogés par l'AFP sur ce huis clos.
Pour le psychologue et criminologue Jean-Pierre Bouchard, ce genre de situation crée "un effet de surprise total". "Ceux qui voient et comprennent ce qui se passe subissent un stress très important. Ils ressentent un danger de mort imminent", a-t-il déclaré dimanche.
"Certains vont être sidérés et ne pourront pas faire grand-chose. D'autres vont tenter de sauver leur peau en s'exposant le moins possible, en se cachant. Certains vont tenter de s'éloigner, mais dans ce cas il s'agissait d'un lieu clos", poursuit-il.
"Et puis heureusement, il y a des gens qui perçoivent le même danger mais au lieu d'être sidérés, de se cacher, ils vont tenter de passer à l'action".
"Là nous avons des militaires jeunes, américains, entraînés, qui ont des compétences professionnelles et qui vont agir ensemble".
Une personne qui a déjà eu des informations sur ce type de situation "réactive dans son cerveau" des attitudes d'auto-défense lorsque cela se produit, souligne-t-il.
Les deux militaires américains, Aleksander Skarlatos et Spencer Stone, qui ont évité le carnage en maîtrisant l'assaillant Ayoub El Khazzani, "avaient tout pour réagir de façon adaptée", selon la psychiatre Nicole Garret-Gloannec.
Leur compétence, leur formation, leur entraînement. Et "une pensée plus rapide" sur ce qui était en train de se passer. Ils ont analysé la situation et adopté une stratégie.
"Ils ont compris qu'ils y passeraient tous, vu les armes" de Ayoub El Khazzani.
"C'était la seule façon, la bonne façon de sauver leur peau", considère-t-elle. Et celle de tous les autres
Leur ami, l'étudiant américain, Anthony Sadler, est venu les épauler.
- "Sauver leur peau" -
Tous trois ont été félicités pour "leurs actes héroïques" et "leur extraordinaire bravoure" par le président américain Barack Obama.
Le Britannique Chris Norman a déclaré que pour sa part, il ne se sentait pas "un héros" et que le mérite revenait aux deux militaires américains.
"Chris Norman a une position intéressante car il a reconnu qu'il avait d'abord pensé à se cacher", puis qu'en comprenant que d'autres personnes étaient passées à l'action, il était venu les aider.
"C'est un être humain comme tout le monde. Il n'est pas formé, mais il veut participer. Il est courageux", poursuit la psychiatre.
Le premier voyageur à être intervenu est un Français de 28 ans employé dans une banque aux Pays-Bas, qui a tenté de désarmer l'homme alors que celui-ci sortait des toilettes.
"Ce serait intéressant de savoir s'il a pratiqué un sport de combat, s'il avait des outils personnels pour réagir sans peur", relève Michèle Vitry, psychologue clinicienne, experte auprès de la Cour d'Appel de Paris,
Ce voyageur a souhaité garder l'anonymat. Il sera reçu comme les Américains et le Britannique par le président François Hollande lundi matin à l'Elysée.
Pour Nicole Garret-Gloannec, "les personnes qui ont fui et se sont réfugiées dans le fourgon ont réagi dans une totale panique. Elles tentaient de sauver leur peau comme la grande majorité des gens l'auraient fait".
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