Les ex-ministres Yanis Varoufakis et Arnaud Montebourg ont dénoncé les politiques d'austérité en Europe lors de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse, devenue dimanche "centre de gravité de l'Europe" où soufflait l'esprit du "printemps d'Athènes".
L'invité d'honneur de ce rendez-vous socialiste dans l'ex-fief électoral (Saône-et-Loire) de M. Montebourg était M. Varoufakis: cet économiste au fort tempérament, qui avait prôné une ligne dure face aux créanciers de la Grèce, avait démissionné le 6 juillet du gouvernement grec d'Alexis Tsipras, au lendemain de la victoire du "non" au référendum sur les économies demandées à Athènes.
Pour cette édition spéciale, il y avait le folklore traditionnel: poulet de Bresse, stand "Made in France", ban bourguignon Et puis les nouveautés: l'air de "Zorba le Grec" lancé entre le fromage et le dessert, le slogan "Frangis 2015" sur les pin's des organisateurs, les "Yanis, on compte sur toi" lancés par des militants ou encore le drapeau grec brandi pas M. Montebourg à l'issue de la conférence de presse, au côté de M. Varoufakis tenant le fanion français.
Et côté discours, sous une pluie battante, plusieurs centaines de militants ont eu droit à un réquisitoire contre l'austérité et les institutions économiques européennes. Avec à la clé la critique, par chacun des deux hommes, de leur ancien gouvernement.
- Quand on vote, ça ne sert à rien -
"Vous votez non à un référendum - en Grèce, en France et comme ailleurs - et c'est comme si vous avez dit oui ! " a lancé M. Montebourg, dénonçant ce "problème de la zone euro", où quand "on vote () cela ne sert à rien".
"Vous votez pour la gauche française et vous vous retrouvez avec le programme de la droite allemande au pouvoir !", a-t-il enchaîné.
Selon lui, "l'union monétaire n'a pas été capable de nous sauver de la crise, elle nous y (a) emmené () elle a accru les divergences" entre économies, a-t-il poursuivi. Martelant que "l'austérité ne marche pas", il a mis en garde contre "l'échec des socialistes à nous sortir de la crise (qui) peut conduire au succès du Front national".
De son côté, M. Varoufakis a déploré la "capitulation" du gouvernement Tsipras face à ses créanciers. Les membres de la Troïka "dictaient les termes de la capitulation", a-t-il dit en anglais, racontant par le menu détail les discussions qui avaient lieu, lorsqu'il était ministre, avec ses collègues de l'Eurogroupe.
Celui qui est très courtisé par les gauches radicales européennes a aussi lancé "un réseau européen de progressistes", qui ne nécessite pas selon lui la création de nouveaux partis.
Porteur du "soutien du peuple grec à la France", M. Varoufakis a estimé que "la France a(vait) besoin de l'esprit du printemps d'Athènes".
Les deux hommes, venus avec leurs compagnes, avaient pris le train ensemble depuis Paris, après une première rencontre matinale dans la capitale entre M. Varoufakis et Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de Gauche.
Un an après le cru 2014, qui avait valu le lendemain à M. Montebourg son éviction du gouvernement, l'édition 2015 était plutôt mesurée. Délaissant la provocation et sa verve habituelle, l'ex-ministre, malgré les "Arnaud président" lancés par quelques militants, est resté sur ses gardes.
A-t-il dit adieu à la politique ? Une question que celui qui n'a plus aucun mandat et s'est tourné vers l'entreprise élude, préférant souligner que "la politique appartient à tous les citoyens" et qu'il puise des "ressources dans la société".
Un éventuel retour en politique qui laisse de marbre les Français, selon un sondage Ifop publié par Atlantico dimanche: 69% y sont "indifférents" (63% chez ceux proches du PS) et 15% "opposés", seuls 16% s'y déclarant "favorables".
Mais il est "toujours membre du PS". "J'ai acquitté ma dernière cotisation, même si je rêverais que ce parti soit bien différent, ou autre", a dit le troisième homme de la primaire socialiste de 2011, à qui l'on prête toujours des ambitions pour 2017.
Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, lui avait tendu la main, estimant qu'il devait "rester à bord" du PS car "il n'y a pas d'avenir à être le turlupin de la gauche".
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