La crise des déchets s'est aggravée ce week-end à Beyrouth, où de violents accrochages ont éclaté entre policiers et manifestants qui accentuent la pression sur un gouvernement déjà paralysé par de profondes divisions.
Placé en première ligne de cette crise, le Premier ministre Tammam Salam a appelé dimanche au calme et tendu la main aux manifestants, au lendemain d'un rassemblement qui a dégénéré en heurts faisant au moins 16 blessés parmi les manifestants et les forces de sécurité, selon la Croix rouge libanaise.
"Je suis disposé à vous écouter et à m'asseoir avec vous", a lancé M. Salam à l'adresse des manifestants lors d'une conférence de presse.
La manifestation a rassemblé samedi soir dans le centre de Beyrouth plusieurs milliers de personnes à l'appel du mouvement citoyen "Vous puez", créé cet été pour protester contre l'incapacité du gouvernement à trouver une issue à la crise des ordures ménagères qui envahissent les rues depuis des semaines.
Dimanche, un appel à un nouveau rassemblement en fin d'après-midi a été lancé sur les réseaux sociaux.
Des milliers de personnes, des jeunes en majorité, se sont rassemblées dans une atmosphère bon enfant près du Sérail, le siège du Premier ministre, a constaté une journaliste de l'AFP. Dans la foule, des gens de tous milieux et de toutes confessions scandent "Liberté" ou "Le peuple veut la chute du régime", mot d'ordre associé aux manifestations du début de la révolution en Syrie en mars 2011.
"Certains détritus ne devraient pas être recyclés", lit-on sur une pancarte où figurent plusieurs personnalités politiques du pays dont le druze Walid Jumblatt et l'ex-Premier ministre Saad Hariri.
- "Ordures politiques" -
M. Salam a reconnu que le problème des ordures était la goutte d'eau ayant fait déborder la colère de l'opinion. "Mais la question est beaucoup plus importante que cette goutte d'eau. C'est la question des ordures politiques dans ce pays", a lancé ce Premier ministre considéré comme un modéré adepte du compromis.
Il a appelé le Conseil des ministres à se réunir rapidement pour trouver une solution à la crise, dénonçant les divisions politiques paralysant les institutions.
M. Salam a par ailleurs estimé qu'une "force excessive contre la société civile et contre le peuple" avait été employée pour disperser la manifestation. "Nous ne pouvons pas laisser passer les évènements d'hier sans punition", a-t-il ajouté.
"Notre demande la plus urgente est que les policiers et les soldats rendent des comptes", a affirmé Joey Ayoub, un porte-parole des manifestants. "Nous ne quitterons pas la rue avant que cette demande ne soit prise en compte".
Samedi soir, la manifestation a dégénéré quand un groupe de protestataires ont lancé des bouteilles et des projectiles sur les forces de sécurité qui ont fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau pour les disperser.
Des manifestants ont posté des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux montrant les forces de sécurité tirant en l'air et battant des manifestants.
Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), le Liban est sans chef de l'Etat depuis plus d'un an. Le Parlement est paralysé par les divisions, elles-mêmes exacerbées par les dissensions sur la guerre en Syrie.
Le pays du Cèdre est écartelé entre la coalition menée par le puissant Hezbollah chiite et soutenue par Damas et Téhéran, et celle dirigée par l'ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri, appuyée par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.
Les raisons ne manquent pas pour se soulever contre la classe politique, ont indiqué samedi des manifestants. Au problème endémique des ordures, s'ajoutent les coupures de courant de plus en plus nombreuses ou l'impact de la présence de plus d'un million de réfugiés syriens sur le territoire.
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