Discours anti-austérité, Europe et poulet de Bresse sont au menu ce dimanche de la Fête de la rose de Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire), avec comme invité vedette le bouillonnant Yanis Varoufakis, ex-ministre grec des Finances, aux côtés d'un autre trublion, Arnaud Montebourg.
Les deux hommes, qui ont pris le train ensemble à Paris, sont arrivés peu après midi dans le village bourguignon, ancien fief électoral de M. Montebourg, sous la pluie, souriants et escortés d'une nuée de micros et caméras.
Pas moins de 80 équipes de presse étaient attendues, contre une trentaine l'an dernier, selon les organisateurs, dont des médias allemands, belges, suisses, japonais.
Les deux hommes entendent délivrer "un message à tous les dirigeants européens". Frangy-en-Bresse "est le centre de gravité en Europe", a déclaré en anglais Yanis Varoufakis, qui prendra la parole dans l'après-midi.
Arnaud Montebourg s'est dit "fier d'accueillir" quelqu'un "qui s'est battu dans les instances européennes". L'ancien ministre du gouvernement Syriza d'Alexis Tsipras est "un témoin de ce qui s'est passé à l'intérieur de l'Europe". "C'est un grand témoin de la situation européenne qui va très mal en ce moment", a insisté l'ex ministre PS, qui a fait de l'Europe le thème de ce Frangy 2015.
M. Varoufakis, économiste au fort tempérament, avait prôné une ligne dure face aux créanciers de la Grèce. Il a démissionné le 6 juillet du gouvernement grec, au lendemain de la victoire du "non" au référendum sur les économies demandées à Athènes. Courtisé par les gauches radicales européennes, il a d'ailleurs rencontré Jean-Luc Mélenchon, co-fondateur du Parti de Gauche, juste avant de se rendre à Frangy.
Après la démission de M. Tsipras et la convocation de législatives en septembre, M. Varoufakis est l'invité d'honneur de ce rendez-vous socialiste initié en 1973 par Pierre Joxe.
"Une trajectoire assez commune" avec l'ex-ministre du Redressement productif, dit Denis Lamard, président des Amis de la Rose. En 2014, le rassemblement avait été l'occasion pour Arnaud Montebourg et son invité Benoît Hamon, alors ministre de l?Éducation, de dénoncer l'austérité en Europe et de critiquer vivement la politique de François Hollande.
- 'Arnaud, président !' -
Le lendemain, Manuel Valls présentait la démission de son gouvernement, et composait une nouvelle équipe. Sans Arnaud Montebourg, Benoît Hamon ni Aurélie Filippetti (Culture).
M. Montebourg ne regrette rien. "Ma position, non seulement je ne la regrette pas, mais un an après, (mes) prédictions sont vérifiées", assure-t-il en ajoutant: "j'aurais voulu avoir tort!"
La rencontre des deux trublions fait grincer des dents au PS et au gouvernement ? La députée socialiste de la circonscription Cécile Untermaier appelle à la sérénité: "Ce n'est pas une injure d'inviter une personne qui a travaillé avec l'Eurogroupe".
Les deux hommes, qui ne se connaissaient pas, se sont rencontrés fin juillet avec leurs compagnes respectives en Grèce, chez le couple Varoufakis.
"À Frangy, je lancerai un réseau européen de progressistes () Les problèmes auxquels la France fait face sont les mêmes qu'ailleurs () Il faut relancer le dialogue et rétablir ce qui a été complètement perdu: la démocratie", a déclaré M. Varoufakis dans le Journal du dimanche.
Un coup médiatique pour M. Montebourg, qui n'a plus aucun mandat politique et a décidé de se tourner vers l'entreprise: il a monté "Les équipes du Made in France", dont il est président actionnaire, et est vice-président de l'enseigne d'ameublement Habitat.
Frangy est le "rendez-vous des oubliés", ironise le sénateur PS Luc Carvounas, proche de Manuel Valls: Montebourg, "qui veut encore montrer qu?il pèse au sein de la famille socialiste tout en se disant hors de la mêlée", et Varoufakis, "qui en pleine élection grecque doit montrer qu?il existe encore".
Depuis son éviction, le troisième homme de la primaire socialiste de 2011, à qui l'on prête toujours des ambitions pour 2017, a la parole rare. Sa dernière sortie - une tribune avec l'homme d'affaires Mathieu Pigasse étrillant la politique de d'exécutif - avait gâché la fin du congrès du PS à Poitiers. Cette semaine, Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire, lui a toutefois tendu la main, estimant qu'il devait "rester à bord" du PS car "il n'y a pas d'avenir à être le turlupin de la gauche". A Frangy, des militants ont scandé "Arnaud, président!", sur son passage.
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