Des centaines de migrants, notamment des réfugiés syriens souhaitant se rendre en Europe occidentale, continuaient à affluer samedi à la frontière gréco-macédonienne où environ 2.000 d'entre eux ont passé la nuit sous la pluie, bloqués par des barbelés et un cordon de la police macédonienne.
Dans ce no man's land, situé entre le village grec d'Idomeni et la ville macédonienne de Gevgelija, la plupart des migrants ont passé une nuit blanche, certains dormant à la belle étoile ou dans des petites tentes.
"Beaucoup de gens ne pouvaient pas se protéger de la pluie. Une mère a perdu sa fille et a crié durant la nuit", a raconté au matin à l'AFP Samer Moin, un médecin syrien de 49 ans.
"Je suis ici depuis des jours. Je veux aller en Norvège", a-t-il ajouté, expliquant être arrivé en provenance de la côte occidentiale turque sur l'île grecque de Chalki, en mer Égée, avant de poursuivre jusqu'à la frontière greco-macédonienne.
Dans une odeur de fumée, des gens épuisés déambulaient samedi matin entre des tas d'ordures, regard tourné vers la frontière macédonienne et le cordon de police. Des enfants pleuraient.
- 'Aidez-nous' -
Durant la nuit, la police a doublé l'épaisseur des barbelés. "Aidez-nous", s'écriait la foule, parmi laquelle des enfants en pleurs.
Dans la matinée, des centaines d'autres migrants ont continué à affluer à Idomeni dans des autocars en provenance du port grec de Thessalonique, avant de se diriger ensuite, à pieds, vers la zone frontalière, a constaté l'AFP.
"Il n'y a pas d'avenir en Syrie. Des enlèvements, des morts Je veux aller en Allemagne pour avoir une vie meilleure", déclarait Mustafa Saieb, un jeune professeur d'anglais de 22 ans.
Pendant des semaines, la Macédoine a toléré l'entrée massive de migrants sur son territoire en provenance de la Grèce, mais le gouvernement de Skopje a décrété jeudi l'état d'urgence et dépêché dans la zone frontalière des forces spéciales de police et l'armée pour tenter d'endiguer le flux migratoire.
Des soldats ont notamment été déployés dans une forêt montagneuse longeant sur quelque 50 kms la frontière et par laquelle les migrants tentent de passer illégalement, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée, le colonel Mirce Gjorgoski.
Quelque 42.000 migrants, dont plus de 7.000 enfants, sont arrivés depuis le 19 juin en Macédoine, avait précisé vendredi le gouvernement macédonien.
Les autorités grecques ont enregistré pour leur part l'arrivée dans leur pays depuis janvier de quelque 160.000 migrants, en provenance surtout des zones de guerre en Syrie, en Afghanistan ou en Irak.
Mais même si la Grèce est aussi membre de l'UE, beaucoup de réfugiés souhaitent quitter ce pays en crise pour se rendre plus à l'Ouest.
- femmmes et enfants prioritaires -
Après avoir entièrement bloqué pendant 24 heures le passage des migrants, les autorités macédoniennes ont commencé vendredi à laisser passer des "catégories vulnérables", à savoir des familles avec des enfants et des femmes enceintes.
Dans la matinée, des incidents avaient éclaté lorsque, tentant de forcer le passage, les migrants avaient été repoussés par les forces de l'ordre à coups de matraques et tirs de grenades assourdissantes. Au moins huit personnes ont été légèrement blessées.
Samedi, le passage de la frontière se poursuivait à niveau réduit, la police autorisant, de temps en temps, des groupes de plusieurs dizaines de personnes à entrer dans le pays et à se diriger vers la gare ferroviaire de Gevgelija, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le passage semblait moins sélectif que la veille, mais les migrants se sont eux-mêmes organisés pour laisser passer en priorité des femmes et des enfants.
Cinq trains au total, selon un responsable de la gare, devraient partir de Gevgelija durant la journée pour transférer les migrants à Tabanovce, localité située dans le nord de la Macédoine, à la frontière avec la Serbie.
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