La crise du porc, sous les feux de l'actualité en août, n'est qu'un nouvel épisode de la profonde crise qui secoue l'élevage français depuis le début de l'été et se prolongera à la rentrée si aucune solution n'est trouvée au niveau français comme européen.
En se retirant du Marché du porc breton (MPB) de Plérin le 10 août, la Cooperl et Bigard/Socopa, ses deux principaux acheteurs, ont mis les pieds dans le plat. Ils jugeaient trop cher le cours du porc à 1,40 euro le kilo, préconisé par le gouvernement pour soutenir les éleveurs en difficulté, assurant qu'il ne leur permettait pas de faire face à leurs concurrents européens.
Pour sauver le MPB, qui fixe le prix de référence national de la viande de porc, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, faute de moyens de pression, a reçu les représentants des producteurs de porc et les dirigeants du MPB lundi, la Cooperl mardi et Bigard mercredi.
Et si les cotations ont bien repris mardi, c'est sans les deux acheteurs qui conditionnent leur retour à une réforme du MPB.
Mais au-delà du porc, c'est l'élevage français dans son ensemble qui traverse une profonde crise. En juin, ce sont les éleveurs bovins qui manifestaient, suivis en juillet par les éleveurs laitiers.
Le gouvernement s'en est ému et a annoncé le 22 juillet un plan d'urgence pour les éleveurs de 600 millions d'euros, sous la forme de 100 millions d'annulations de charges et cotisations et de 500 millions de reports.
Ces mesures ont suscité des réactions en demi-teinte dans le monde agricole, la puissante FNSEA soulignant ainsi que ce plan comprenait "beaucoup de dispositifs déjà actés" et que les mesures restaient "insuffisantes" sur le long terme.
Le gouvernement tente en effet de parer au plus pressé alors que le ministre de l'Agriculture évalue "entre 22.000 et 25.000" le nombre d'exploitations d'élevage en grande difficulté, soit 10% du total.
M. Le Foll a donc activé des cellules d'urgence départementales regroupant l'Etat, les banques et la Médiation du crédit, pour étudier au cas par cas les dossiers des exploitations les plus en difficulté et restructurer leurs prêts.
- La Commission européenne "mobilisée" -
Mais au delà de ces mesures destinées à soulager les éleveurs français, cette crise est liée au contexte économique mondial: embargo russe, charges sociales moindres dans les pays voisins et besoin de trouver de nouveaux marchés.
M. Le Foll a donc demandé la tenue d'un conseil européen extraordinaire des ministres de l'Agriculture qui aura lieu le 7 septembre.
Il souhaite que ce conseil européen soit l'occasion de "mobiliser l'Europe sur des actions de promotion à l'exportation", sur des "aides et des stockages à l'échelle européenne" et "de travailler sur les questions d'harmonisation sociale et fiscale", notamment pour les activités d'abattage.
Le ministre s'est montré optimiste sur le résultat de cette réunion en indiquant mercredi que "la Commission est aujourd'hui mobilisée", après un entretien téléphonique avec le commissaire européen chargé de l'Agriculture, Phil Hogan.
Pour maintenir la pression, les éleveurs français comptent cependant manifester à Paris le 3 septembre, à l'appel de le FNSEA.
En attendant, sur le terrain, les éleveurs ne désarment pas et multiplient les actions ponctuelles, d'un bout du pays à l'autre.
Des groupes d'agriculteurs se sont ainsi donnés rendez-vous jeudi soir à Toulouse pour "la nuit des élus" afin de bloquer et d'emmurer l'accès aux permanences de trois partis politiques: le PS, Les Républicains et les Verts.
Des agriculteurs de l'Aveyron ont pour leur part procédé vendredi à un étiquetage de slogans, du type "fabriqué avec du lait vendu à perte", sur des fromages et crèmes de la société Savencia, dans des grandes surfaces.
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