A la veille de dévoiler son ossature pour la Coupe du monde, le XV de France aura une dernière chance de montrer sa moelle samedi (21h00) face à l'Angleterre au Stade de France, lors d'un Crunch annoncé épais.
On flaire l'odeur, on en devine les contours, mais ce France-Angleterre aura-t-il bien le goût d'une répétition générale, à quatre semaines des premiers feux du grand raout planétaire (18 septembre-31 octobre) ?
Une semaine après une première escarmouche à Twickenham entre deux XV expérimentaux, Français et Anglais se retrouvent en tout cas en banlieue parisienne avec des rangs renforcés et un appétit aiguisé. Si les volontés s'opposent, l'envie est commune d'améliorer le contenu de la brouillonne victoire anglaise (19-14) afin de valider l'idée d'une certaine montée en puissance.
Pour le XV de France, il sera d'abord question de caractère. Apparu dangereusement naïf en défense et toujours désespérément stérile en attaque samedi dernier, passera-t-il enfin avec succès un test "grandeur nature" ?
Le manager Philippe Saint-André a en tout cas fredonné la ritournelle habituelle, pointant le manque d'efficacité de ses troupes mais s'accrochant au positif de ces quelques incursions dans la défense adverse. Ca va venir, assure-t-il, affichant sa conviction qu'il est encore possible de guérir des maux récurrents depuis plus de trois ans. On demande à voir.
- Revues d'effectifs -
On connaît toutefois les vertus thérapeutiques miraculeuses d'une victoire face au vieux rival anglais, battu seulement une fois en cinq confrontations depuis la dernière Coupe du monde.
Pour espérer bénéficier d'un tel élan, Saint-André a pratiquement tout changé dans son XV de départ, injectant 12 nouvelles têtes et des muscles. L'occasion aussi de parachever sa large revue d'effectif avant d'indiquer la porte de sortie à cinq éléments de son groupe pour la Coupe du monde.
"On est cohérent: on a dit qu'on voulait donner du temps de jeu aux 36 joueurs, que tout le monde ait sa chance avant l'annonce du groupe dimanche à midi", a-t-il ainsi justifié.
Il semble cependant que le sort de plusieurs d'entre eux (Vahaamahina, Goujon, Chiocci) soit déjà scellé et qu'au-delà des couperets, il s'agit d'abord pour l'encadrement d'observer en action certaines associations.
Ce sera ainsi le cas de la paire toulonnaise Sébastien Tillous-Borde/Frédéric Michalak, 17e charnière de l'ère Saint-André et la 6e en six matches, dont la prestation sera scrutée à la loupe. Un an après sa dernière sélection, voilà une autre occasion pour l'ouvreur, propulsé aussi buteur N.1, de rebondir en Bleu, ultime avatar d'un parcours chaotique vieux de 14 ans.
A l'exception de l'arrière Scott Spedding, la ligne de trois-quarts a également été complètement refondue, le puissant Mathieu Bastareaud s'immisçant notamment au centre aux côtés de Wesley Fofana.
Devant, ce sera tenue de combat sous les ordres du capitaine Pascal Papé, qui remplace dans ce rôle Thierry Dusautoir, toujours convalescent d'une blessure à un genou.
- Enfin de la maîtrise ? -
En l'absence du leader toulousain, les plus expérimentés devront montrer à la fois du tempérament et de la maîtrise, surtout dans la gestion du match, ce qui fait toujours cruellement défaut au XV de France.
En face, les Anglais ont montré leur savoir-faire en la matière, piquant trois fois samedi dernier par leurs ailiers et contrôlant ensuite le reste de la partie.
"J'ai vu une équipe d'Angleterre égale à sa réputation, à savoir très pragmatique et jamais dans l'affolement", confirme le troisième ligne Damien Chouly. "Même s'ils ont été dans la difficulté quelques fois, ils ont toujours su garder leur sang-froid et rester dans leur cadre c'est à dire leur jeu."
Et dire que ce n'était qu'un XV de la Rose en rodage et dépareillé Car le sélectionneur Stuart Lancaster a battu le rappel de ses cadres pour le déplacement en France, changeant 14 joueurs dans son XV de départ.
Préservés samedi dernier, le capitaine Chris Robshaw, le numéro 8 Billy Vunipola, le deuxième ligne Courtney Lawes, l'ouvreur George Ford, le centre Jonathan Joseph ou encore l'arrière Mike Brown seront en crampons au coup d'envoi. De quoi donner du grain à moudre à qui aime ergoter sur le terme amical, lorsqu'il désigne un match face aux Anglais.
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