De nouvelles baisses d'impôts "quoi qu'il arrive" en 2016 : François Hollande a posé les premiers jalons de la présidentielle sur le terrain de la fiscalité, avec un pari risqué sur le retour de la croissance qui lui permettrait de redistribuer in extremis aux Français les fruits de leurs efforts.
A la veille d'une visite en Isère et en Savoie, le chef de l'Etat l'avait déjà promis dans une interview à la presse régionale : le mouvement de baisse des impôts amorcé en 2014 et 2015 se poursuivra "si la croissance s'amplifie en 2016".
Mais à peine arrivé sur place jeudi, il a franchi un pas supplémentaire, précisant donc que cette baisse d'impôts interviendrait "quoi qu'il arrive". Son "ampleur", a-t-il toutefois tempéré, "dépendra de la croissance" atteinte en 2016.
Ce faisant, le président de la République se lie un peu plus les mains, après avoir déjà conditionné une éventuelle candidature en 2017 à un recul du chômage. Désormais, les Français l'attendront donc aussi sur le terrain de la fiscalité.
Un pari risqué, car François Hollande le sait mieux que quiconque: sans une embellie économique et sociale, ses chances d'être réélu sont quasi nulles. Et le plus tôt serait le mieux. L'histoire de la Ve République est pavée d'alternances en périodes de déprime économique.
En fixant ces objectifs, il met aussi la pression sur son gouvernement, dont les résultats restent insuffisants. Au deuxième trimestre, la croissance s'est avérée nulle alors qu'elle était attendue à 0,3% après le bon chiffre du premier trimestre (+0,7%). Quant au chômage, il continue de tutoyer les cimes.
Selon l'entourage du président, il s'agit d'"enclencher un cercle vertueux avec plus d'investissement des collectivités locales, plus de consommation et plus de croissance". Quant à la cible de ces baisses d'impôts, il s'agirait de nouveau des "classes moyennes", fortement mises à contribution les deux premières années du quinquennat.
- 'Une grosse blague' -
L'allègement de la pression fiscale est "une façon d'atteindre plus de croissance", a fait valoir François Hollande jeudi matin. "S'il y a plus de consommation, s'il y a plus de confiance, il y aura plus de croissance. Tout est lié à la croissance", a-t-il enchaîné, CQFD.
En pratique, précise une source proche du dossier, "il n'est pas encore décidé à ce stade du vecteur législatif mais ces baisses d'impôts pourraient être décidées soit dès la discussion de l'automne sur le budget 2016 soit lors d'une révision de ce budget en cours d?année".
Pour le chef de l'Etat, ces promesses répétées sont aussi une manière d'inscrire son action, même tardivement, dans la cohérence de ces engagements de 2012. Rompant avec une tradition de la gauche, il promettait à l'époque un quinquennat "organisé en deux temps", avec d'abord des réformes structurelles pour redresser les finances, puis une politique de "redistribution".
M. Hollande a donné le coup d'envoi de cette redistribution dans son discours de Carcassonne, le 19 mai: "Le temps d?une forme de redistribution (est) venu : l?impôt sur le revenu va donc baisser pour neuf millions de ménages cette année".
Pas de quoi convaincre l'opposition. "C'est une grosse blague", a raillé le député (Les Républicains) Éric Ciotti, "celui qui a augmenté les impôts et les charges de près de 100 milliards d'euros depuis 2012 nous dit quasiment à la fin de son quinquennat qu'il va les alléger. Il prend vraiment les Français pour des idiots".
Quant à Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, il a dénoncé le "concours" que se livreraient selon lui François Hollande et son Premier ministre Manuel Valls sur la croissance, les rebaptisant "Mme Irma et Mme Soleil".
Dans un tout autre registre, le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a estimé que les baisses d'impôts promises n'étaient "pas obligatoirement une bonne nouvelle", regrettant l'absence d'une "grande réforme fiscale", autre promesse de campagne de François Hollande. Celle de 2012.
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