Jean-Marie Le Pen est convoqué jeudi devant le bureau exécutif du FN, face auquel il risque l'exclusion du parti qu'il a fondé, notamment pour ses propos réitérés sur les chambres à gaz.
Le cofondateur du FN, 87 ans, a été convoqué par sa fille fin juillet pour répondre à 15 griefs devant la plus haute autorité du parti, le bureau exécutif, réuni en formation disciplinaire au siège à Nanterre à partir de 14H00. Marine Le Pen n'assistera pas à cette réunion.
Cet épisode est le énième rebondissement, entre déclarations fracassantes par médias interposés et guérilla judiciaire, d'une crise ouverte il y a cinq mois au FN.
Alors président d'honneur du parti, celui que sa fille nomme en public "Le Pen" avait déjà été convoqué début mai pour s'expliquer sur ses propos controversés et avait été suspendu comme adhérent.
Il a depuis remporté plusieurs victoires judiciaires: d'abord l'annulation de cette décision de suspension (le FN a fait appel) et ensuite la suspension du congrès postal prévu pour supprimer des statuts le titre de président d'honneur. Le parti a néamoins publié les résultats de ce congrès achevé en juillet: 94% des adhérents ont voté la modification de ces statuts.
Depuis le printemps, la liste des griefs contre Jean-Marie Le Pen s'est allongée: il devra en effet s'expliquer sur des propos visant sa fille ("j'ai honte que la présidente du FN porte mon nom ()", ou le vice-président du FN Florian Philippot (qui "s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons partout ()", mais aussi sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen ("elle n'a ni l'expérience ni le gabarit pour diriger la PACA").
- 'Juge et partie' -
Il devra également répondre "d'avoir fait intrusion sur la scène, place de l'Opéra, le 1er mai 2015", une montée à la tribune non prévue avant le discours de Marine Le Pen lors du traditionnel 1er mai organisé par le parti.
Marine Le Pen et le numéro deux du FN, Florian Philippot, ne viendront pas à ce bureau exécutif pour "ne pas être juge et partie", a-t-on appris mardi.
En l'absence de Mme Le Pen, la réunion sera donc présidée par Jean-François Jalkh, premier vice-président du FN. Le bureau exécutif a également pour membres Nicolas Bay, Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just et Marie-Christine Arnautu, cette dernière étant une des proches du patriarche frontiste.
M. Le Pen risque la "suspension provisoire", la "radiation" ou l'"exclusion pour faute ou motif grave".
Celui-ci a demandé, arguments juridiques à l'appui via son avocat, que cette réunion soit ouverte au public et que soient récusés des membres du bureau.
"Mme Le Pen et M. Philippot se sont récusés avant même qu'on le leur demande, mais les autres sont récusables aussi", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Je suis prêt à faire ce que j'ai à faire", a-t-il ajouté, interrogé sur son état d'esprit, tout en expliquant qu'il "voudrait bien que tout cela s'arrête et que le FN reprenne sa route normalement".
D'après son avocat, Frédéric Joachim, si sanction il y a, "il est bien possible" qu'elle soit de nouveau contestée en justice
Une exclusion ? Un de ses proches, le député européen Bruno Gollnisch, qui milite pour que tout le monde "s'assoie autour de la table", juge cette hypothèse "impensable". "Il y a beaucoup de gens qui sont choqués et démoralisés dans le parti" depuis le début de cette crise, a-t-il aussi expliqué à l'AFP.
De son côté, la présidente du FN souhaite passer à autre chose, en faisant sa traditionnelle rentrée le 29 août à Brachay (Haute-Marne), puis lors des universités de rentrée les 5 et 6 septembre à Marseille, et enfin lancer la campagne des régionales.
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