Les députés allemands doivent approuver mercredi le troisième plan d'aide à la Grèce lors d'un vote qui donnera la mesure de la grogne des conservateurs à l'égard de leur chef, la chancelière Angela Merkel.
La chancelière, présente au Bundestag, n'a finalement pas pris la tête de la défense de ce programme, laissant son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, appeler les élus à approuver ce programme pouvant atteindre 86 milliards d'euros sur trois ans.
"Au regard du fait que le parlement grec a déjà adopté une grosse partie des mesures (de réformes), il serait irresponsable de ne pas utiliser cette chance pour un nouveau départ en Grèce", a martelé le ministre, considéré comme le tenant d'une ligne extrêmement dure vis-à-vis d'Athènes.
M. Schäuble a concédé qu'il "n'y a pas de garanties" de succès, mais qu'avec l'adoption du plan, la balle sera dans le camp grec.
"Si la Grèce fait face à ses responsabilités, et si le programme est mis en oeuvre de manière complète et résolue, alors l'économie grecque pourra croître dans les prochaines années", a-t-il dit peu après le début de la séance vers 07H00 GMT (09H00 locale).
Il a aussi souligné que le Premier ministre grec Alexis Tsipras devait certes "faire l'inverse de ce qu'il a promis" à son électorat, mais que les réformes imposées avaient fonctionné en Irlande, en Espagne, au Portugal et à Chypre.
Aux Pays-Bas aussi, les députés doivent voter mercredi ce plan d'aide et le Premier ministre Mark Rutte pourrait faire face à une motion de censure.
L'adoption de ce plan est nécessaire pour que la Grèce puisse rembourser jeudi 3,4 milliards d'euros à la Banque centrale européenne.
- Combien de rebelles -
Les 631 élus du Bundestag avaient déjà approuvé le 17 juillet le lancement de négociations sur ce troisième programme d'aide. Le oui des élus ne fait aucun doute, la "grande coalition" réunissant les sociaux-démocrates (SPD) et les Unions chrétiennes (CDU d'Angela Merkel et son alliée bavaroise CSU) disposant de 504 sièges sur 631.
Mais si le SPD soutient le texte tout comme une partie de l'opposition, la grogne monte dans les rangs conservateurs, malgré les sacrifices imposés aux Grecs.
Lors d'un vote blanc mardi, le groupe CDU-CSU a comptabilisé 56 "non". Le 17 juillet, 60 de ces 311 députés s'étaient opposés à la position de la chancelière contre 29 en février.
Pour rassembler les troupes, le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a jugé que voter contre "reviendrait à poignarder dans le dos la chancelière", dont la popularité reste au zénith et à qui nombre d'analystes accordent déjà un quatrième mandat à l'issue des législatives de 2017.
Klaus-Peter Willsch, un député CDU du camp du non, a estimé lui que le nombre des "Abweichler" (déviationnistes) comme les surnomme la presse ne peut qu'augmenter.
"Les 60 qui ont voté non () se sont aussi engagés face à leurs électeurs. Rien n'a vraiment changé en Grèce", a-t-il récemment expliqué.
Les partisans du non surfent sur une opinion publique convaincue d'avoir déjà trop payé pour la Grèce. Selon un sondage de l'institut Forsa publié mi-août, 84% des Allemands disaient ne pas avoir confiance en la volonté de réforme des Grecs et 57% se disaient opposés au 3e plan d'aide.
- L'inconnue FMI -
Pourtant, selon une étude de l'Institut Leibnitz de recherche économique (IWH), l'Allemagne a profité à hauteur de 100 milliards d'euros de la crise européenne de la dette en bénéficiant notamment de taux d'intérêt plus bas pour ses emprunts d'Etat.
Dompter la rébellion s'avère pour Merkel et la direction du parti conservateur d'autant plus difficile que la position du FMI complique son travail.
Le Fonds monétaire international s'est en effet laissé jusqu'à octobre pour décider de sa participation au plan d'aide, conditionnée à une réduction de la colossale dette grecque jugée "insoutenable".
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