Le Britannique Sebastian Coe, élu président de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) mercredi à Pékin, retrouve d'emblée un challenge à la hauteur de son passé de compétiteur de légende, alors que le premier sport olympique est attaqué sur le front du dopage.
Le médaillé d'or du 1500 m des Jeux 1980 et 1984, ancien député conservateur puis à la tête du comité d'organisation des Jeux de Londres, a battu par 115 voix contre 92, dans un combat Est-Ouest remis au goût du jour, l'Ukrainien Sergueï Bubka, le perchiste aux 35 records du monde.
Dans une ambiance de fin de règne, le Sénégalais Lamine Diack (82 ans) ayant gouverné l'IAAF pendant 15 ans et 9 mois, l'athlétisme n'a pas été épargné ces dernières semaines. A l'appui de 12.000 analyses sanguines qu'ils ont soumis à des experts, la chaîne publique allemande ARD et le journal Sunday Times en sont arrivés à la conclusion qu'un tiers des médaillés mondiaux ou olympiques entre 2001 et 2012 présenteraient des valeurs suspectes. La Russie et le Kenya sont particulièrement visés.
Paradoxalement, l'athlétisme -ses dirigeants l'ont répété jusqu'au dernier souffle- est le sport précurseur dans la lutte antidopage et qui reste à l'avant-garde, par les méthodes et les moyens financiers engagés, dans le combat contre "le fléau". C'est aussi faire fi des nombreux médaillés sanctionnés.
- Crédibilité entamée -
Au-delà des polémiques, qui ont fini par entamer la crédibilité du plus universel des sports, la plupart des présidents des 214 fédérations, dont seulement 208 ont participé au scrutin mercredi, estiment qu'un renouveau est nécessaire.
Dans sa courte intervention d'après élection, M. Diack en a convenu à sa manière. "Notre sport est entre de bonnes mains. Une génération de cheveux blancs a fait ce qu'elle a pu, place maintenant à la génération des cheveux noirs", a déclaré le président. Comme un testament.
Avant le verdict des urnes électroniques, les deux candidats étaient montés à la tribune pour une dernière profession de foi.
Passant après son rival, Coe, âgé de 58 ans, avait insisté sur son expertise en matière de sponsoring, héritage des Jeux de Londres-2012 dont il avait été le grand ordonnateur.
Le Britannique avait aussi joué la carte de l'émotion et du rassemblement: "Pour la majorité d'entre nous, la naissance de nos enfants est un grand moment de notre vie, probablement le plus grand. L'opportunité de travailler avec vous tous est probablement un autre moment inoubliable."
"Chers amis, il n'y pas de tâche dans ma vie à laquelle j'ai été aussi bien préparé. Si vous placez votre confiance en moi, je ne vous décevrai pas", avait conclu Lord Coe.
- L'homme de la synthèse -
Tour à tour un des meilleurs demi-fondeurs de l'histoire, député conservateur (1992-1997) et homme d'affaires, Coe a aussi été préféré à Bubka parce qu'il apparaît comme étant le plus apte à faire la synthèse entre un passé de 33 siècles -selon ses termes- et un avenir, entre tradition et innovation.
Il devra être capable de proposer un athlétisme qui attire les jeunes, sous influence de sports plus rémunérateurs, le football en premier lieu.
Les Championnats du monde dans la capitale chinoise, qui débutent samedi, offriront une vitrine dans cette opération de reconquête.
Et Coe pourra compter sur le soutien de Bubka, 51 ans, réélu vice-président. Le champion olympique 1988, par ailleurs sextuple champion du monde, est arrivé en tête avec 187 voix parmi les sept candidats aux quatre sièges à pourvoir dans ce collège.
"C'est ma vie de continuer à servir l'athlétisme avec dignité et passion", a souligné l'Ukrainien, déjà candidat malheureux à l'élection pour la présidence du Comité international olympique (CIO) en 2012.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.