Les députés allemands doivent approuver mercredi le troisième plan d'aide à la Grèce lors d'un vote qui donnera la mesure de la grogne des conservateurs à l'égard de leur chef, la chancelière Angela Merkel.
Les 631 élus du Bundestag, actuellement en vacances, sont convoqués pour une nouvelle session extraordinaire, la seconde après celle du 17 juillet où ils ont autorisé les négociations sur ce troisième plan d'aide, qui doit atteindre 86 milliards d'euros sur trois ans.
Le oui de la chambre basse du Parlement allemand ne fait aucun doute, car la "grande coalition" gouvernementale réunissant les sociaux-démocrates (SPD) et les Unions chrétiennes (CDU d'Angela Merkel et son alliée bavaroise CSU) dispose de 504 sièges sur 631. Et même une partie de l'opposition approuve ce qui concerne l'aide à la Grèce.
Côté SPD, l'affaire est entendue. Le chef du groupe parlementaire Thomas Oppermann a estimé mardi soir qu'on avait "cette fois-ci un meilleur programme". Et son parti avait déjà voté oui lors des tours précédents.
Mais depuis plusieurs semaines la grogne monte dans les rangs conservateurs, malgré les nouveaux sacrifices douloureux imposés aux Grecs.
- "Poignarder" la chancelière -
Le 17 juillet, 60 des 311 députés CDU-CSU avaient dit non, contre seulement 29 lors du vote de février sur l'allongement des programmes d'aide à Athènes.
Le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a lancé un avertissement sévère: voter contre le texte "reviendrait à poignarder dans le dos la chancelière", dont 60% des Allemands se disent satisfaits, et à qui nombre d'analystes accordent déjà un quatrième mandat à l'issue des législatives de 2017.
Le chef du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, n'a pas non plus ménagé ses efforts. "Ceux qui ont voté non (le 17 juillet) ne peuvent pas rester dans les commissions où il faut maintenir une majorité, c'est-à-dire celle du Budget ou celle des Affaires européennes", a-t-il mis en garde.
Dans un entretien au quotidien Tagesspiegel, le député CDU Gunther Krichbaum, président de la Commission des Affaires européennes, décrit "une atmosphère lourde" au sein de son groupe.
Klaus-Peter Willsch, un autre député CDU, qui de longue date a basculé dans le camp du non, estime quant à lui que les menaces de M. Kauder ne changeront rien.
"Les 60 qui ont voté non il y a trois semaines se sont aussi engagés face à leurs électeurs. Rien n'a vraiment changé en Grèce. Celui qui modifie maintenant sa position dit aussi aux citoyens de sa circonscription: je plie devant la direction" du parti, a-t-il récemment expliqué au magazine Der Spiegel.
Les partisans du non, les "Abweichler" (déviationnistes) comme les surnomme la presse, surfent sur une opinion publique largement convaincue d'avoir déjà trop payé pour la Grèce.
Selon un sondage de l'Institut Infratest Dimap paru juste avant le vote du 17 juillet, 49% des personnes interrogées considéraient que le Bundestag ne devait pas approuver les nouvelles négociations sur le troisième paquet d'aide (46% pour un vote favorable).
La chancelière a semblé pouvoir contenir la grogne de ses troupes, réunies mardi soir, et un vote blanc n'a donné que 56 non.
Mme Merkel s'adressera aux députés en début de séance, peu après 07H00 GMT. Elle a peaufiné ses arguments dans une interview à la télévision publique dimanche, saluant l'évolution du gouvernement grec qui "a travaillé complètement différemment que lors des mois précédents".
- L'inconnu du FMI -
Dompter la rébellion s'avère pour Merkel et la direction du parti conservateur d'autant plus difficile que la position du FMI complique son travail.
Le Fonds monétaire international s'est en effet laissé jusqu'à octobre pour décider de sa participation au plan d'aide, conditionnée à une réduction de la colossale dette grecque jugée "insoutenable".
Les Allemands s'opposent catégoriquement à cette exigence tout en souhaitant pouvoir compter sur le FMI qu'ils considèrent du fait de son indépendance et de sa rigueur comme une assurance de voir remboursés les prêts accordés à la Grèce.
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