Le marathon messieurs samedi matin sera bien la première finale des Mondiaux d'athlétisme de Pékin, mais la compétition débutera en fait mercredi par un duel entre deux légendes, Sebastian Coe et Sergueï Bubka, pour la présidence de la Fédération internationale (IAAF).
Lord Coe, champion olympique du 1500 m en 1980 et 1984, et l'ex-tsar de la perche, en or aux JO de Séoul-1988 et sextuple champion du monde, pèsent lourd dans l'histoire de leur sport.
Comme est pesante l'ambiance de fin de règne qui accompagne le président sortant, le Sénégalais Lamine Diack, 82 ans, dont 15 ans et neuf mois passés à la tête de l'IAAF.
Le premier sport olympique et l'IAAF sont en effet dans l'oeil du cyclone, montrés du doigt parce que le dopage y serait commun et que l'institution ne serait pas trop regardante. C'est du moins à ces conclusions extrêmes que sont parvenues la chaîne publique allemande ARD et le journal britannique Sunday Times.
S'appuyant sur 12.000 analyses sanguines qui ont fuité des bases de données de l'IAAF, les deux médias avancent qu'un tiers des médaillés mondiaux ou olympiques entre 2001 et 2012 présenteraient des valeurs suspectes. La Russie et le Kenya sont particulièrement visés.
- 'Déclaration de guerre' -
L'IAAF a jugé "sensationnalistes et trompeuses" ces allégations, sorties d'un contexte autrement complexe, puis a dépêché en première ligne le professeur suédois Arne Ljungqvist, chantre de la lutte antidopage.
Et Coe n'a pas été en reste dans la contre-attaque, parlant d'une "déclaration de guerre" contre son sport: "C'est nous qui avons montré la voie de l'antidopage. Suggérer que d'une certaine façon nous avons au mieux laissé faire et au pire été complices en couvrant le phénomène, n'est confirmé en rien par notre action lors des 15 dernières années".
Une seule fois en 103 ans, l'IAAF a été dirigée par un champion olympique: David Cecil, sacré sur 400 m haies en 1928 à Amsterdam. Plus connu sous le patronyme de Lord Burghley, et par ailleurs 6e marquis d'Exeter, il fut aux commandes de 1946 à 1976. A une époque où le dopage institutionnalisé et l'argent-roi n'avaient pas encore contaminé le sport.
La base de travail des deux prestigieux candidats est claire: lutter contre le dopage et redonner du lustre à l'athlétisme sur les plans économique et médiatique. Leurs programmes sont d'ailleurs assez proches, si ce n'est que le Britannique milite pour un organisme de lutte antidopage au sein même de l'IAAF.
Ni l'un ni l'autre n'ont épargné leurs efforts pour aller porter leur bonne parole au-delà des océans. Une voix est une voix. Et parmi les 214 pays affiliés à l'IAAF, le vote d'Anguilla, îlot caribéen de quelque 16.000 résidents, vaut celui de la Chine et ses 1.360 millions d'habitants.
- Bubka héritier officieux -
M. Diack avait donc été visionnaire en mettant le pied à l'étrier aux deux ex-champions. "Je savais depuis longtemps que nous avions (NDLR: avec Bubka et Coe) deux candidats potentiels pour diriger notre sport dans le futur", a-t-il expliqué à l'AFP. Et de rappeler que lors du congrès électif de 2007, à Osaka (Japon), il avait oeuvré pour que les deux anciennes gloires soient adoubées comme vice-présidents, rampe de lancement idéale.
Si M. Diack a refusé de prendre position, Bubka est bien son héritier dans l'esprit. D'ailleurs, la majorité des votes africains semblent acquis au meilleur perchiste de l'histoire.
Et si le 6e président de l'IAAF pourra difficilement battre les 34 ans de pouvoir (1912-1946) du précurseur, le Suédois Sigfried Edström, Coe (58 ans) et Bubka (51 ans) ont l'âge en leur faveur pour laisser une marque.
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